
American Sniper

Sans fioriture ni contextualisation politique, le film alterne durant 2 heures 15, scènes privées et scènes de guerre. Après un bref flash-back qui rappelle les origines texanes du héros et ses dispositions pour le tir, Chris Kyle rencontre sa femme et intègre les Navy Seals. En six ans, il participe à quatre déploiements en Irak, continue d’aimer femme et enfants, de jurer sur la Bible, et devient un sniper d’exception rapidement surnommé "la légende" par ses pairs. Au compteur, plus de 200 victimes parmi les "moudjs" irakiens mais aussi les femmes et enfants soupçonnés de collaborer avec l’ennemi. Trame à suspense de ce film d’action, la traque du "boucher de Fallouja" ainsi que la couverture du ratissage quotidien des immeubles désertés par les Irakiens. Si l’action est permanente, elle est très peu commentée politiquement - ce qui empêche de réduire le film à un brûlot conservateur et pro-interventionniste en Irak. Car Clint Eastwood laisse aussi le champ ouvert à un paysage mental complexe dans lequel le spectateur doit trouver son propre positionnement. A ce titre, l’interprétation de Bradley Cooper est remarquable. Echappant en apparence au syndrome post-traumatique des soldats de retour d’Irak (mais sans cesse au bord de déviances habilement contenues par la mise en scène), l’acteur impose un personnage de héros américain non vindicatif. Et finalement vaincu par l’absurdité dans une scène finale elliptique. Il fallait toute l’expérience de terrain (en Corée) et du film de guerre d’un Clint Eastwood pour ériger un film de sniper en pensum politique.
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