
Andy Serkis - La star anonyme

Comment transformer un homme en singe hyper-évolué le temps d'un tournage? C'est la question épineuse à laquelle ont dû répondre les quatre réalisateurs successifs qui se sont attaqués à La planète des singes, monument de la science-fiction écrit par Pierre Boulle en 1963. Une équation à laquelle ils ont tous apporté une solution différente. Mais c’est bel et bien les deux derniers volets de cette saga, La planète des singes: Les origines et La planète des singes: L’affrontement (en salle cette semaine)qui ont donné la réponse la plus aboutie en la matière.
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Dans ces deux films, c’est l'acteur roi de la transformation physique Andy Serkis qui prête ses mouvements à César, leader de la tribu des singes. Selon les principes de la technologie de la motion capture, aussi appelée capture de mouvement. Cette technique permet donc à un acteur de tenir le rôle d’une autre créature. Et de conférer à cette dernière un maximum de réalisme. Sans maquillage, mais à l’aide de capteurs informatiques placés sur tout le corps de l’acteur, permettant de "capter" chaque mouvement de ce dernier. Ensuite, il n’y aura plus qu’à "greffer" sur le comédien l’image d’un personnage, singe, Gollum ou autres. Et le tour est joué!
Un oscar?
Ces dernières années, la motion capture a fait des pas de géant. De sorte qu’en notre année de grâce technologique 2014, les moindres mouvements des acteurs, jusqu’aux mimiques les plus discrètes, sont retranscrits avec une précision diabolique. Conférant à ces créatures un degré de sophistication plus vrai que nature. Tant et si bien que l’on parle déjà d’une nomination à l’oscar du meilleur acteur pour le rôle de César. La statuette serait décernée non à Andy Serkis mais à son personnage en motion capture. "César, tout le monde le connaît,confie l'acteur. Moi, presque personne ne me reconnaît dans la rue. La motion capture reste une technique qui place l'acteur à l’arrière-plan. On peut le regretter, mais c’est comme ça."
Et pourtant! L’homme qui nous broie la main et tape dans le dos pour saluer les journalistes présents possède un C.V. cinématographique affolant. Puisqu’il a incarné King Kong dans la version de 1995 signée Peter Jackson, le Gollum dans la saga du Seigneur des anneaux, Capitaine Haddock aux côtés de qui vous savez. Et rempile donc pour la seconde fois dans le corps (et l’esprit) de César, personnage emblématique de la saga de La planète des singes.
Après King Kong, Gollum et le Capitaine Haddock, pourquoi avez-vous accepté de continuer à jouer le rôle de César dans La planète des singes? Car c'est basculer encore un peu plus dans l'anonymat!
Andy Serkis - Je ne vois pas les choses comme ça… Imaginez que l’on vous dise: "C’est l’histoire d’un personnage que l’on suit depuis sa petite enfance jusqu’à sa métamorphose en leader révolutionnaire. César a été élevé dans un environnement aimant. Petit à petit, il prend conscience de sa grande intelligence et comprend que ses parents adoptifs l’ont enlevé à sa tribu d'origine. Il n’est donc pas ce qu'il croyait être. Incapable de contrôler sa part d’agressivité, il est envoyé en prison. Il réussira à s’évader à la tête des prisonniers. Et vivra plein d’autres aventures". Et ensuite, on vous précise: "Au fait, César est un singe!" (Rire.) Voilà pourquoi j’ai accepté de reprendre le rôle de ce Che Guevara des primates: ce personnage est un régal à incarner. Peu importe le moyen de cette incarnation. Il s’agissait d’exprimer toutes ses idées, toutes ses valeurs. En essayant de trouver le bon filtre, une façon juste de manifester l’intelligence émotionnelle et mentale d’une sorte de Frankenstein primate, tiraillé entre son humanité acquise et son appartenance à l’espèce des chimpanzés qu’il trouve arriérée.
Quel a été votre plus grand défi pour interpréter César au fil de ces deux épisodes?
La suite de l'interview dans le Moustique du 30 juillet.
Un blockbuster malin comme un singe!
La planète des singes: L’affrontement [3*]
Réalisé par Matt Reeves. Avec Andy Serkis, Jason Clarke, Gary Oldman - 131’.
Preuve qu’un blockbuster en puissance, même doté d’un scénario aussi mince qu’une peau de banane, peut captiver s’il fait preuve de suffisamment d’audace et de savoir-faire. Bien campé mais sans trop d’imagination par Robert Wyatt dans La planète des singes: Les origines, l’univers de ces primates à la fois menaçants et menacés bénéficie ici d’une suite à l’intelligence rare. Une nation de plus en plus nombreuse de singes évolués est menacée par un groupe d’humains, qui a survécu au virus dévastateur ravageant la planète dix ans plus tôt. Ils parviennent à une trêve de courte durée. Car, de malentendu en escalade belliqueuse, les deux camps sont sur le point de se livrer une guerre qui décidera de l’espèce dominante ultime sur Terre. Si cette réalisation musclée offre au spectateur ce qu’il était venu chercher en matière d’effets spéciaux et de divertissement pop-corn, elle offre aussi des moments plus calmes qui poussent à la réflexion sur les rapports entre les hommes et les animaux. Bilan: un divertissement de haut vol. Parfaitement fouillé, bien rythmé, et diaboliquement intelligent.