
Arrêtons de vieillir

Cure de jouvence, chirurgie, cosmétiques… Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour rester jeunes? Inquiétant: l'obsession de la jeunesse démarre aujourd'hui dès l'enfance...
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"La vieillesse, c’est quand on commence à dire: jamais je ne me suis senti aussi jeune", disait l'écrivain Jules Renard. A l’heure où la société n’autorise plus aux aînés que leur fin de vie échappe à leur contrôle, la citation prend tout son sens. C’est vrai qu’aujourd’hui, on nous donne toutes les chances de ne pas tourner vieux croûton: progrès médicaux, meilleure hygiène de vie, avènement du "mangez sain" et du "bougez au quotidien"… La santé et l’apparente jeunesse se profilent presque comme un choix, voire une responsabilité. Au point, parfois, de culpabiliser celui qui l’a laissée filer.
Du coup, entamer les troisième et quatrième âges sans avoir la pêche éveille chez certains la crainte d’une exclusion sociale et ce, bien avant l’heure de la retraite. Une angoisse encore plus attisée par les dictats de la mode et du jeunisme ambiant qui sévit, même au boulot. Aujourd’hui, paraître son âge, c’est déjà paraître plus que son âge. Curieusement, aussi, les hommes auraient davantage peur de vieillir que les femmes. C’est à la trentaine que ces dames se sentent le plus épanouies tandis que pour ces messieurs, l’âge d’or arrive dix ans plus tôt.
Six heures en plus par jour
Chaque jour, l'humanité gagne ainsi 4 à 6 heures d’espérance de vie. Aujourd'hui, celle-ci atteint les 82,9 ans pour une femme belge et 77,8 ans pour un homme - un écart entre les genres qui diminue d’année en année. Sous la barre des 75 ans, on considère même qu’un décès est prématuré! Mais jusqu’où l’homme peut-il aller dans cette course effrénée contre le temps? Vieillir à n’en plus finir, c’est possible? Non, disent de nombreux chercheurs, qui ont fixé la limite absolue de l’espérance de vie à 120 ans.
Une frontière que conteste Didier Coeurnelle, auteur de l'ouvrage Et si on arrêtait de vieillir! qui vient de paraître. Ce fonctionnaire du SPF sécurité sociale est président de l'association AFT-Technoprog, une association qui promeut le transhumanisme, courant de pensée visant à l'amélioration du potentiel humain. Dans son étude, il évalue les enjeux et les perspectives d’une vie plus longue en bonne santé. "Avec les progrès médicaux constants et l’amélioration de l’hygiène de vie, il est clair que l’évolution ne va pas s’arrêter dans un futur proche. On vit plus vieux, bien sûr, mais on vieillit aussi plus tard qu’il y a 30 ou 40 ans. Du coup, on envisage davantage le troisième âge comme quelque chose de positif parce qu’on est conscient que la vie peut encore être longue après la pension."
Jusqu’à quel point? La personne la plus âgée que l’humanité a connue - ou du moins répertoriée - est la Française Jeanne Calment. Elle avait 122 ans le jour de sa mort, en 1997. Et il semble que le nombre de personnes atteignant les 110 ans ne progresse plus aussi rapidement. "Oui, on dit que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel... mais moi, je pense qu’il n’existe pas de frontière infranchissable."
Pour justifier cette espérance, Didier Coeurnelle distingue trois grandes causes de décès par vieillesse: les pathologies cardiovasculaires, les maladies neurodégénérescentes comme l’alzheimer, et les cancers. La science progresse à grands pas en ce qui concerne le traitement de la première pathologie, nettement moins vite pour la seconde. "Quant aux cancers, on commence à en comprendre les mécanismes et on sait aujourd’hui que neuf cas sur dix trouvent leur origine dans notre environnement" affirme encore avec certitude l’auteur.
Le 18 avril dernier, un rapport délivré par l'Union européenne a confirmé que notre durée de vie ne cessait de s'allonger, certes, mais pas forcément en bonne santé. Les années supplémentaires sont surtout des années de maladie ou d'inactivité! C’est donc principalement sur sa qualité de vie et la recherche en matière de maladies neurodégénérescentes que l’homme a une carte à jouer s’il veut un jour goûter à l’immortalité.
Pilules miracle
Pour freiner les ravages du temps sur leur enveloppe corporelle, certains tentent dès lors à peu près tout. L’une des méthodes les plus en vogue: les cures de jouvence! Un cocktail de cachets et de pilules qui nous permettrait de nous sentir plus jeunes. Presque dans un corps tout neuf. Ces dernières années, ce sont surtout les antioxydants et la DHEA qui ont pris du galon. La DHEA? La déhydroépiandrostérone, une hormone secrétée naturellement par le corps mais qui diminue avec l’âge. Une hormone "de jeunesse" donc, que le secteur pharmaceutique est parvenu à recréer et à commercialiser en tant que médicament pour freiner le vieillissement.
Et ça cartonne! On compte aujourd’hui entre 30.000 et 50.000 adeptes de DHEA en Belgique, 150.000 en France et 25 millions aux USA. Ses promesses? Les études réalisées dans le cadre du programme français DHEÂge mettent en avant une amélioration notable de l'état de santé, notamment chez les femmes les plus âgées, sur certains points précis comme la densité osseuse, la souplesse de la peau et la libido. Des effets bénéfiques que décrit Hélène, une internaute de 52 ans qui témoignage de son expérience: "Je prends de la DHEA depuis 6 ans. (…) C’est incroyable, je ne souffre plus de bouffées de chaleur ni d’aucun trouble. J’ai trouvé un véritable changement au niveau de mes muscles, mais c’est surtout au niveau de mes os que tout a changé. Je n’ai plus une seule douleur (…). Je dors comme un bébé et j’ai une pêche d’enfer."
Marcel Arickx, la soixantaine, est lui aussi devenu un inconditionnel de la DHEA. "C’est extraordinaire! Quand j’ai commencé à en prendre, les effets bénéfiques se sont vus tout de suite. Ma femme me disait même que je conduisais mieux qu’avant! Indiscutablement, avec ce produit on gagne en qualité de vie", estime ce chimiste de profession qui a longtemps travaillé pour le compte d’une grosse firme pharmaceutique.
Dossier complet dans le Moustique du 30 avril