
Ben Stiller est Walter Mitty

On ne s’attendait pas à ça. Icône de la comédie américaine déjantée, Ben Stiller est l’un des acteurs comiques les plus bancables de Hollywood. Un Jim Carrey mâtiné de Paul Newman qui cartonne au box-office, de Mary à tout prix à Mon beau-père et moi ou La nuit au musée. Egalement réalisateur des délirants Zoolander et Tonnerre sous les tropiques, l’ex-animateur du Ben Stiller Show vient de poser la pierre qui manquait peut-être à sa carrière. Avec La vie secrète de Walter Mitty, il frappe fort en effet. Aussi bien devant que derrière la caméra. On l’a rencontré lors d’un week-end promo à Rome, les yeux aussi bleu-gris que son polo. C’est simple, Walter Mitty, c’est lui.
La lecture de votre article continue ci-dessous
Une aventure de cinéma
Au départ contacté pour le rôle de Walter Mitty, Stiller s’est enthousiasmé pour le film en entier. Au point de convaincre les studios de le réaliser. Sacré défi quand on sait la pression que représente la nouvelle version grand écran de cette nouvelle de James Thurber, parue dans le New Yorker en 1939. Et adaptée une première fois à l’écran en 1947 en version Technicolor, sous la houlette de Samuel Goldwyn, l’un des parrains de Hollywood (et créateur du lion rugissant de la Metro-Goldwyn-Mayer). Depuis, la réadaptation de la nouvelle de Thurber excite le Tout-Hollywood. Et pour cause. Véritable pain bénit, l’histoire de cet homme trop discret soumis à d’incessantes rêveries semble faite pour le cinéma de studio.
Pas étonnant que la dynastie de producteurs Goldwyn (fils et petit-fils du légendaire Samuel) se soit accrochée au projet. Ait acquis les droits du livre de Thurber. Et ne les ait pas lâchés. Après avoir contacté tous les gros comiques de Hollywood (Jim Carrey, Mike Myers, Sacha Baron Cohen), leur choix s’arrête sur Ben Stiller, dont tous soulignent l’étonnante "vision" du film. Une évidence dont Ben témoigne aussi. "Le script était évocateur pour moi, c’est un concept très cinématographique à la base. Et avec les outils techniques et numériques d’aujourd’hui, c’était une chance extraordinaire. Je me suis connecté au ton du film de manière très humaine, pour montrer ce dont j’avais envie. Simplement dire aux gens que rêver, c’est être vivant."
La première qualité de Stiller, c’est d’avoir soigné le scénario. Passé entre de nombreuses mains (celles de Richard LaGravenese, scénariste de Sur la route de Madison, Fisher King, Ma vie avec Liberace ou de Peter Morgan à qui l'on doit The Queen et Frost/Nixon), l’adaptation de la nouvelle de Thurber a été confiée à Steven Conrad (La poursuite du bonheur). "C’est Conrad qui a l’idée de faire de Mitty un employé du magazine LIFE, responsable du service des négatifs. Ça permet de raconter que Mitty a tout vu, il est entouré de toutes ces photos de l’histoire contemporaine, mais en même temps tout lui reste invisible. Il a passé sa vie à regarder des choses incroyables sans y avoir accès. C’est une belle métaphore." Et l’occasion aussi pour Stiller de rendre hommage à l’un des magazines les plus emblématiques de l’Amérique, bouleversé par la révolution numérique. Depuis 2009 en effet, LIFE n’est plus accessible que sur le Net (www.life.time.com). "On vit une époque de transition, poursuit Stiller, j’ai voulu intégrer ça dans le film. La communication est incroyablement facilitée grâce à Internet et en même temps la connexion les uns aux autres reste difficile. Tout ça pose des questions économiques, certains métiers disparaissent, d’autres ne sont pas reconnus à leur juste valeur, je ne voulais pas faire fi de notre contexte actuel."