
Bénabar "Écrire me permet de m'éloigner de mon nombril" (+album en écoute)

Il est joli, le pied de nez. Alors que ses détracteurs se plaisent à lui coller l'étiquette du "chanteur de la banalité qui raconte dans ses disques ses soirées au resto", Bénabar en redemande et décide de tacler tous "les p’tits marquis élitistes" en intitulant son nouvel album "Inspiré de faits réels". "J'avais envie de faire un disque de chanson populaire complètement assumée, nous avoue-t-il dans un salon parisien de son label. Je voulais aller tout droit dans les textes et les mélodies pour proposer à l'auditeur quelque chose de cordial et de chaleureux sans la moindre zone d'ombre."
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Ce septième album n'a sans doute jamais été aussi proche de ce que Bénabar offre sur scène dans ses prestations transgénérationnelles qui doivent autant à la stand-up comedy qu'au tour de chant. Construit habilement comme un recueil de nouvelles qui passent du coq à l'âne, "Inspiré de faits réels" fait la différence dans la manière bien personnelle du chanteur à croquer le quotidien. D'une virée entre potes dans un Paris By Night ("et ce qui me réjouis, c'est que le lendemain on ne regrette que ce dont on se souvient") à ce portrait très tendre de Titouan, enfant du divorce ballotté "entre deux rives", il trouve toujours le bon ton pour raconter ses histoires. Sans lasser et sans rien compliquer non plus.
Chez lui, on passe du rire aux larmes, il y a de la vanne (Coming In, sur ce gay qui finit par avouer qu'il préfère les dames), du sentiment, mais aussi de la réflexion (Les deux chiens, écrit sur le mode d'une fable de La Fontaine, le freudien La forêt). Bref, comme il le revendique, cet attachant chanteur populaire de quarante-cinq ans signe ici un vrai disque de variétés "dans le sens strict du terme" qui mènera admirateurs et censeurs à la même conclusion: en 2014, Bénabar fait du Bénabar.