
Bert Kruismans "En Belgique, on a tous perdu quelque chose"

Alost, Flandre-Orientale, un matin vers 11 heures. C’est dans un bistrot qui jouxte le superbe beffroi du XIIIesiècle que Bert Kruismans nous a donné rendez-vous. La plupart des occupants du Graaf van Egmont en sont encore au café ou au thé. Quelques estomacs téméraires préparent le déjeuner à venir, une trappiste devant eux. Les vastes fenêtres de l’endroit permettent d’admirer la Grand-Place. L’Art Nouveau, le Café de Paris, certains établissements portent, débonnaires, des enseignes qui à Hal ou à Overijse vaudraient à leur propriétaire des ennuis avec les autorités. Ici, apparemment pas. Etonnant pour une ville dirigée par la N-VA.
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Pour l’heure, les badauds semblent être tout à leurs achats. Comme partout, ce sont les soldes. Certains passants chuchotent en regardant discrètement un piéton. Un couple de consommateurs, à l’intérieur du Graaf van Egmont, fait de même. Bert Kruismans arrive. Même si sa barbiche et sa moustache en forme de guidon l’y aident, il est drôlement populaire chez lui, le Bert. Pas que chez lui, d’ailleurs. Pas une semaine sans que les journaux, flamands ou francophones, ne commentent ses billets radiophoniques ou fassent appel à lui pour commenter l’actualité… Et le vrai démarrage dès ce jeudi de son spectacle La bertitude des choses (Vaderland en néerlandais...) ne devrait rien arranger à l'affaire...
En Wallonie ou à Bruxelles, on vous considère presque plus comme un sociologue ou un politologue que comme un humoriste. Vous avez quoi comme formation, sciences politiques?
Bert Kruismans - Non non, moi, je suis juriste. Comme beaucoup, je ne savais pas quoi faire comme études… Mais sur le côté, j’ai toujours fait des trucs artistiques: solfège, musique, théâtre. Ce qui fait que juste après mes études, j’ai commencé en Flandre à la radio puis à la télé comme chroniqueur, reporter, animateur. En Belgique francophone, c’est le Café serré, le matin sur La Première RTBF, qui m’a valu une étiquette de "politologue". En fait, je ne fais que commenter l’actualité et comme, en Belgique, l’actualité est, depuis des années, envahie par la politique et notamment par les problèmes communautaires, eh bien voilà, me voilà "politologue" ou "référence communautaire" en Belgique francophone.
C’est pareil en Flandre?
B.K. - Dans une moindre mesure, parce que je crois être perçu d’abord comme un humoriste. Mais oui, quand on veut parler dans les médias flamands de la Belgique francophone par le prisme communautaire ou du fait d'"être Flamand et travailler en Wallonie", je suis bien souvent invité.
C’est quoi justement, les différences entre travailler avec des Wallons ou des Flamands?
B.K. - Elles sont dans les nuances… En Wallonie, il est plus important d’avoir des contacts personnels avec les gens avec lesquels on travaille ou on veut travailler. C’est plus difficile parce que les règles ne sont pas claires. Mais une fois que le contact passe, ça peut aller assez vite. En tous les cas, cela va plus vite qu’en Flandre. Une différence également, c’est que les règles de courtoisie ou de politesse sont plus importantes en Belgique francophone qu’en Flandre. Par exemple, un francophone va me demander s'il peut me tutoyer. Un Flamand ne me le demandera pas: il le fera ou ne le fera pas.
Quand vous ne travaillez pas, vous partez où en vacances, dans les Ardennes?
La suite de l'interview dans le Moustique du 15 janvier 2014
LA BERTITUDE DES CHOSES, du 17 au 26/1 à Bruxelles, puis partout en Wallonie. www.kruismans.com