
Bruce le Boss

Ce samedi, la plaine de Werchter affichait complet et sur les soixante mille personnes présentes, nous n'en n'avons pas croisé une seule ayant acheté son ticket pour Balthazar, Blondie, Ben Harper & Charlie Musselwhite, Santana ou les pénibles Kean qui se produisaient dans le cadre du festival TW Classic.
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D'ailleurs hormis quelques applaudissements nourris pendant les solos latino-blues de Carlos, tout s'est passé dans une ambiance bronzette/bières/frietjes avant l'arrivée de la tête d'affiche Bruce Springsteen. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que nous avons été bien plus que conquis par sa prestation.
Au total, nous avons dû assister à une bonne quinzaine de concerts du Boss, mais on l'a rarement vu si proche de son public et si "jouette" dans sa manière de communiquer. A soixante-trois ans, le Boss respire la grande forme et peut toujours compter sur un public de fidèles dans lequel on trouve aussi une nouvelle génération conquise par ses derniers albums studio.
Quand il débarque sur la scène sur le coup de 21h50 en introduisant d'une voix falsetto "Can you feel the spirit", le choeur de Spirit In The Night, le Boss est déjà tout sourire. Alors que son E Street Band au line-up désormais pléthorique (16 musiciens dont cinq cuivres) assure les harmonies rythm and blues de ce titre extrait de son premier album "Greetings From Asbury Parks", le Bruce est déjà parti dans la foule. Il claques des mains, se laisse porter à bout de bras, fait des bisous et revient sur la scène en conquérant.
Dès la fin de la quatrième chanson, il revient dans le public et se plie à son jeu favori: choisir des cartons sur lesquels les fans font des demandes de chansons particulières et mettre au défi son groupe de les interpréter. Il prend un nounours qui réclame "Jailhouse Rock", réaccorde sa guitare et balance une version poisseuse de ce standard popularisé par Elvis.
Vous connaissez beaucoup d'artistes qui font ça sur scène? Non et nous non plus. La deuxième demande de l'assistance vient d'une autre peluche et c'est Man's Job, titre obscur du Boss tiré de "Human Touch". Plus tard, il offre une autre surprise en invitant Ben Harper le temps d'un émouvant Atlantic City, sans doute l'une de ses meilleures compositions.
Comme nous l'avions déjà remarqué en 2012 lors du premier volet européen de cette tournée mondiale, son fidèle lieutenant, Little 'Soprano" Steven est toujours aussi effacé. Nils Lofgren, par contre, s'en donne à cœur joie. Sur Youngstown , Nils se fend d'un solo aérien avant que le patron ne fasse de même sur "Murder Incorporated". Il a alors joué douze chansons et goûté à plusieurs reprises à des bains de foule.
On quitte les premiers rangs pour se désaltérer et on se rend compte que derrière aussi, ça bouge, ça danse et ça chante. On assiste à une autre scène peu commune. Pendant le très Motown Waitin' On a Sunny Day, l'écran géant montre une adolescente portant les couleurs américaines dans la foule. Bruce la repère, va la chercher, la fait monter sur scène et lui demande de chanter seule avant de la ramener dans ses bras, façon papa poule chez sa mère.
Sur l'euphorique Dancing In The Dark, c'est un autre fan qui connaît le bonheur de sa vie. Elle a inscrit sur un panneau "J'ai 50 ans et je n'ai jamais dansé avec toi". Bruce exauce son vœu et la fait danser dans la nuit. En rappel, outre Dancing In The Dark, il rendra encore hommage à Elvis en reprenant Follow That Dream avant d'enchaîner Born in Usa avec Born To Run. C'est du parking que nous entendrons une dernière fois sa voix sur une version acoustique de Thunder Road. Ce samedi, à Werchter, Bruce était le rock.
Bruce Springsteen à Werchter
La setlist
- Badlands
- Jailhouse Rock (Elvis Presley cover)
- Atlantic City (avec Ben Harper)
Rappels:
- Follow That Dream (Elvis Presley cover)
- Twist and Shout (The Top Notes cover)
- Shout (The Isley Brothers cover)