Cannes 2013: On a vu... Borgman (Compétition officielle)

On espérait avec Borgman un vrai souffle de folie sur une compétition officielle un peu molle du ventre, il faut bien avouer.

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Mission presque remplie. Les premières images du film nous rassurent (lors qu’elles doivent inquiéter tout homme normalement constitué). Un étrange troglodyte vivant sous terre est pourchassé par des prêtres armés jusqu’aux dents. Cut. On n’entendra plus parler des religieux. L’homme à l’allure christique, mais aux intentions peut-être moins amicales, sonne à la porte d’une demeure bourgeoise. « Puis-je prendre un bain ? Je suis sale », fait-il à l’occupante des lieux. Il ne quittera plus jamais la maison.

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Alex Van Warmerdam a revu sa propre filmo et le petit Lynch illustré pour nous revenir après de nombreuses années d’absence. En effet, l’ambiance de Borgman (qui fait également penser à Dogtooth par son univers à la fois drôle et flippant) insiste sur un climat d’étrangeté, décalé, autour d’un inconnu inquiétant et envoûtant à la fois. Et ses assistants, qui se transforment de temps en temps en chiens on ne sait pourquoi, sauf que cela crée de beaux tableaux, ajoutent une touche fantastique à ce film de maison hantée. Camiel est-il le diable ? Un tueur psychopathe itinérant ? Un nouveau messie en guerre contre un monde moderne aux mœurs dégradées ? Là encore, pas de réponse.

 

Et l’on s’en fiche à vrai dire. Puisqu’il s’intéresse en réalité à une famille disloquée que la présence d’un inconnu va plonger dans la parano et la folie. La mère d’abord, mais ensuite sa belle portée de petits blonds. Doté d’une mise en scène d’une force de suggestion peu commune, le film s’amuse à distiller le malaise au compte-goutte. 

 

Géométriques et détaillés jusqu’à l’obsession, ses tableaux hérités de légendes et mythes du Moyen-Âge (telle Isolde quand la petite fille donne le baiser de la mort à son  père) ajoutent de la poésie pure à l’horreur en train de se jouer en huis clos.

 

Malgré son côté systématique, on plisse les yeux, on rit, on se sent dans un agréable inconfort grâce à ce film-ovni dont le défaut principal est de n’avoir pas poussé sa folie jusqu’au bout.
Bonne pioche quand même.

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