
Cécile de France: Hollywood, naturellement

Le Tout-Hollywood la considère comme the next big thing depuis qu’elle tient un rôle dans Hereafter, le nouveau film de Clint Eastwood. Pourtant Cécile de France n’a pas sombré dans le politiquement correct qui gouverne souvent les sujets de l’industrie du rêve.
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"Je suis une vraie prolétaire. J’en ai gardé les manières, ne l’oubliez jamais", dit-elle en se roulant une cigarette. Hereafter est éreinté par une partie de la critique? Même pas mal! Et notre compatriote donne la réplique à Matt Damon? Même pas peur. Sous la direction de Dirty Harry? Même pas (trop) impressionnée. "Moi, la petite Namuroise dans un film de Clint Eastwood avec Matt Damon… Cela s’est fait tellement naturellement que je n’ai même pas sauté de joie quand on m’a annoncé la nouvelle."
Les médias vous demandent à longueur d’interview ce que ça fait de bosser avec Clint Eastwood. Mais personne ne lui a demandé ce que ça lui faisait de travailler avec vous...
Cécile de France. - Peut-être justement parce que cela ne lui fait rien de particulier (rire). En fait, j’ai simplement passé une audition comme la vulgaire débutante que je suis à Hollywood. Ma cassette est partie à Los Angeles et j’ai ensuite été invitée à rencontrer ses directeurs de casting. Ce n’est qu’après mon intronisation que je l’ai croisé pour la première fois. Il m’a souvent dit que nous formions une bonne équipe. Est-il juste poli ou le pensait-il vraiment? Je voudrais pencher pour la seconde option…
Vous aviez déjà tâté de l’aventure américaine lors du Tour du monde en 80 jours (2004) de Frank Coraci. Mais vous passez cette fois au niveau supérieur en collaborant avec un réalisateur majeur du cinéma américain. Vous sentez l’attente du public évoluer?
Honnêtement, non! Je ne ressens aucune pression particulière au niveau des attentes que suscite un réalisateur ou l’autre. Les gens jugent un film globalement. C’est un truc de journaliste de dire qu’il faut aller voir tel ou tel long métrage juste pour la prestation d’un réalisateur ou d’un des comédiens en particulier. Ou juste pour le scénario. Un film est un tout et le public le juge en fonction du plaisir global ou de l’émotion générale qu’il en a retirés. Par contre, le sujet même de Hereafter ne sera pas reçu de la même manière dans le monde entier. La France est un pays ultra-laïque. Et comme cette histoire aborde le mystère, à l’opposé de toute réflexion rationnelle, je ne sais pas si ça va marcher. Alors qu’aux Etats-Unis, une majorité se dit très ouverte au paranormal, à la voyance et aux contacts avec les morts.
La Belgique étant le pays du surréalisme, va-t-elle s’intéresser à ce sujet pour le moins extraordinaire dans le sens strict du terme?
Pas sûr. Car, historiquement, la Belgique a été une des terres d’accueil privilégiées de l’existentialisme. Qui prétend, entre autres, que l’on n’existe que grâce à nos actions, niant ce qu’il y a de plus impalpable en nous. Il y a visiblement des limites au surréalisme quand on commence à aborder des sujets qui sortent des sentiers battus. Nous, les Belges, sommes finalement peut-être trop cartésiens pour aborder ce genre de thème sans aucun préjugé. Alors qu’il le mériterait. Ce film a en tout cas ouvert de nouvelles portes en moi…
Vous prêchez comme une nouvelle convaincue…
Je ne me posais pas de questions sur la vie après la mort avant l’aventure Hereafter.
Et maintenant?
Je me suis lancée là-dedans vierge de tout à priori. Essayant de ne pas choisir mon camp entre les scientifiques qui prétendent que le cerveau continue à travailler après le décès et ceux qui disent que nous sommes hors service dès le dernier battement du cœur. Je ne me suis pas forgé d’opinion précise, mais j’ai en tout cas réfléchi. Mes lectures scientifiques préparatoires ont perturbé mes certitudes. J’ai parlé avec des gens ayant vécu des expériences au seuil de la mor