Ces bourgmestres à la carrière prédestinée

Chaque mercredi sur BEL-RTL à 7h20, Vincent Peiffer vient titiller votre sens critique, chatouiller vos neurones et susciter la réflexion dans votre esprit en évoquant un fait d'actualité, une info qui pose question, une polémique incontournable.

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Lundi matin, un an seulement après les élections communales, le socialiste Freddy Thielemans annonçait donc qu’il démissionnait de son poste de bourgmestre de Bruxelles-Ville. A 69 ans, il s’efface pour laisser son siège au député fédéral et actuel président du CPAS de la capitale, Yvan Mayeur.

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Par parenthèse, quand on s’appelle Mayeur et qu’on devient bourgmestre, ça s’appelle de la préméditation, si pas du pléonasme. Bonjour, je suis Mayeur et je suis bourgmestre… Oui bon, ça va, on avait  compris... Enfin bref, Freddy Thielemans annonce qu’il raccroche et l’opposition Ecolo-FDF dénonce le « mensonge » fait aux électeurs de Bruxelles-Ville. Il est vrai que le très populaire bourgmestre sortant, tête de liste PS en 2012, s’était engagé à occuper son poste six années de plus. Or le voilà qui quitte déjà le navire. Donc pas bien !

Dans l’opposition à la Ville de Bruxelles, il y a aussi le CDH, donc Joëlle Milquet. On se souvient d’ailleurs que le soir du scrutin communal, la chef de file CDH à Bruxelles nous avait fait un énorme pataquès parce que son parti avait été rejeté dans l’opposition par le PS, ceci au profit du MR. Du coup, lundi, Joëlle s’est fait un plaisir de souligner elle aussi que les électeurs bruxellois avaient été dupés par le PS.

Sauf que! Au moment où la ministre de l’Intérieur dénonçait la manœuvre socialiste, un petit coin de ma mémoire a fait ouin-ouin.  Et donc j’ose le dire à Joëlle Milquet: « C’est celui qui le dit qui l’est ! »

Pour que vous compreniez, faisons un petit bon dans l’espace-temps. A 65 kilomètres au sud de Bruxelles, il y a la bonne ville de Namur. Et au début de l’an de grâce 2012, que se passe-t-il à Namur ? Le bourgmestre de l’époque, un certain Jacques Etienne, annonce sa démission au profit du jeune et dynamique échevin Maxime Prévot, future tête de liste de son parti dans la capitale wallonne. Et à quel parti appartiennent l’ancien et le nouveau bourgmestre ? Tenez, tenez ! Au CDH de Joëlle Milquet! Donc, comme je disais: « C’est celui qui le dit qui l’est ! »

Cela dit, chapeau au CDH d’avoir été précurseur: préinstaller sciemment un possible nouveau bourgmestre avant les élections, c’est du tout bon marketing. On met le nouveau produit en vitrine, le consommateur s’y habitue, voire même l’apprécie, et le résultat, c’est que Maxime Prévot a réalisé un carton aux communales de 2012. D’ailleurs, la technique de vente a été reprise par le PS à la Région Bruxelloise, où pile un an avant les élections de 2014, le ministre-président Charles Picqué s’est effacé au profit de Rudi Vervoort. Et là, bizarrement, on n’a pas entendu Joëlle Milquet parler d’électeur dupé. Il est vrai qu’à la Région bruxelloise, le CDH fait partie de la majorité. Ça change tout.

Pour terminer, j’ai un détail amusant. Le nouveau bourgmestre de Bruxelles s’appelle Mayeur et celui de Namur s’appelle Prévot. Et savez-vous ce qu’était un prévôt, sous l’Ancien régime français du 16è au 18è siècle ? C’était le chef de la municipalité. C’est à dire le bourgmestre. Joëlle Milquet peut être rassurée : Maxime Prévot avait lui aussi un nom prédestiné. C’était écrit. Donc tout est bien qui finit bien…

Politique et élections communales - La langue bien pendue

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