Christian Panier: "Avec Michelle Martin, on a un deal"

En annonçant qu'il allait accueillir chez lui l'ex-femme de Marc Dutroux, l'ancien juge d'instruction s'est mis toute la Belgique - ou presque - à dos. Face aux critiques, il réagits et enfonce le clou.

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Il laisse rarement indifférent, Christian Panier. Il le sait, il l’assume et semble parfois même s’en amuser. Mais l’ex-juge du tribunal de première instance de Namur, passé en 2012 du PS au PTB, s’attendait-il à ce que sa décision d’accueillir Michelle Martin dans sa propriété l’expose à de telles critiques, à un déversement de commentaires hostiles, voire haineux? Lui-même ne s’est pas privé d’alimenter la polémique en réagissant aux propos incendiaires du papa de Mélissa Russo, s’attirant aussi les foudres de Jean-Denis Lejeune.

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Aurait-il dû se taire, faire profil bas, ne pas raviver le traumatisme populaire? L’ex-juge, qui ne pratique pas la langue de bois, reste en tout cas fidèle à sa parole vive et tranchée et cohérent avec ses engagements. Humaniste: oui. Enfant de chœur: non. 

Avant de prendre la décision d’accueillir Michelle Martin chez vous, avez-vous imaginé quelle serait la réaction des parents des victimes?

Christian Panier - Pas une seconde, dans le cheminement qui m’a amené à faire ce choix, je n’ai pensé aux réactions des parents, qu’il s’agisse de la famille Russo ou Lejeune. On était au-delà de tout cela. D’ailleurs, je ne serai jamais dans ce trip… Ma priorité, c’était l’aboutissement de ce projet de réinsertion sociale. Maintenant… je savais effectivement que ça n’allait pas me valoir des louanges.

Vous voulez dire que vous avez dû faire abstraction du facteur humain pour rester en accord avec vos convictions?

C.P. - Votre question est étrangement formulée. Disons que j’ai misé sur ce projet de réinsertion mais sans mettre de côté la souffrance des victimes pour autant. D’ailleurs, je ne pense pas que celle-ci puisse être atténuée en rendant impossible la réinsertion de Michelle Martin.

Comment avez-vous été amené à nouer une relation avec elle?

C.P. - Pas par hasard. Lorsque le tribunal d’application des peines de Mons rend sa décision de libérer Michelle Martin, une des choses que l’on sait à ce moment-là, c’est qu’elle va s’installer au couvant des sœurs clarisses. Le soir même, je vais au JT de la RTBF et je dis que le choix des religieuses mérite le respect. A cette époque, je ne connaissais pas du tout Michelle Martin mais ça ne posait aucun problème de rencontrer cette femme dont je percevais la souffrance.

Par la suite, vous l’avez donc rencontrée à plusieurs reprises et vous avez appris à la connaître?

C.P. - Je ne suis pas certain de la connaître différemment des autres. A ce jour, je ne sais rien de plus d’elle sauf ce que j’ai appris au cours des contacts personnels que nous avons eus ces deux dernières années… De toute façon, j’estime qu’aucun focus ne dit ce que nous sommes vraiment. Apprenons à ne pas enfermer les gens dans des capsules qui nous arrangent pour qu’ils soient vendables. Cela me terrorise!

Là, vous allez avoir tout le temps de causer…

C.P. - Elle et moi avons un deal. Je lui ai dit: "Si vous voulez absolument que l’on aborde le sujet (le dossier Dutroux - NDLR), vous le faites. Moi en tout cas, je ne vous poserai aucune question".

La suite de la rencontre dans le Moustique du 8 avril 2015.

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