
Comment combattre le stress?

Le stress est devenu le mal du siècle. Pernicieux, il s'insinue partout. Notamment via les ordinateurs portables, iPhone et autres BlackBerry, conçus pour rendre la vie plus facile mais aussi pour que leurs heureux propriétaires soient contactables à volonté. La frontière entre bureau et maison s'est estompée. SMS, e-mails, Facebook, Twitter poursuivent leurs destinataires partout, soirées et week-ends compris. Et le cerveau ne suit pas forcément.
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Ajoutez-y la peur de la crise économique, avec ses réductions d'effectifs, ses délocalisations et ses licenciements, et le tableau vire carrément au noir. Toutes les études concordent: en Belgique, 60 % des travailleurs déclarent souffrir, souvent ou occasionnellement, de stress. Un chiffre qui nous place dans le haut du classement européen, loin devant nos voisins français ou néerlandais. Les premières victimes sont les femmes qui cumulent le maximum de stress au bureau et à la maison, les jeunes de 30 à 34 ans cherchant un équilibre entre vie professionnelle et vie privée et les travailleurs peu qualifiés.
Pire: en 2008, une enquête de Test-Achats révélait que 2 % des répondants pensaient régulièrement au suicide suite à des problèmes survenus au boulot. Si la Belgique n'a pas encore subi une vague semblable à celle qui a touché France Télécom, où près de 40 employés se sont donné la mort, notre pays connaît déjà ses premiers martyrs du stress. Tel ce cadre de GlaxoSmithKline (GSK) qui, le 19 novembre 2009, a sauté du haut du parking de l'entreprise. Selon ses proches, il était devenu dépressif suite à des problèmes liés à son travail. S'il n'aboutit pas toujours à cette issue extrême, le stress coûte tout de même cher à nos entreprises: 10 millions de jours d'absence au total par an! Malgré cela, seule une société sur quatre effectuerait une analyse des risques en son sein, pourtant obligatoire dans la loi relative au bien-être sur les lieux de travail.
Mais le stress ne trouve pas son origine qu'au boulot. Nous sommes sous tension tous les jours, même en dehors des heures de travail. Sur le banc des accusés: le bruit incessant qui nous fait vivre sous une cloche sonore. La circulation automobile, les milliers de conversations, la cacophonie des transports en commun, la télé allumée en permanence finissent par nous taper sur le système nerveux.
Sans compter les mauvaises nouvelles. "Nous assimilons quarante fois par jour des événements stressants. La plupart ne laissent pas de trace. Nous sommes construits pour gérer ça, explique le neuropsychiatre Michel Le Moal. L'équilibre revient, en principe, vite à la normale." Par contre, si les facteurs de stress s'accumulent et que le stress devient chronique, certains sujets peuvent craquer, voire être "cassés à jamais".
Notre société est-elle pour autant plus stressante qu'autrefois? "Non. Imaginez-vous dans la brousse il y a cent mille ans, où le danger était partout, poursuit Michel Le Moal. Le problème est que l'homme contemporain, individualiste et autonome, est moins armé que ne l'étaient ses ancêtres. Autrefois, on pouvait s'appuyer sur la société, la famille ou la religion. Quand on vivait un événement grave, on s'adressait à Dieu. C'était une façon d'autoréguler son stress." Sa liberté actuelle, l'homme la paie par une plus grande insécurité et par une angoisse permanente. "La pathologie majeure de notre époque, c'est que nos capacités d'ajustement sont moins importantes."
Le bon stress qui mobilise le corps pour l'aider à affronter un danger s'est transformé en mauvais stress qui infiltre tous les organes: cerveau, cœur, système digestif. Avec, en cascade: fatigue chronique, pertes répétées de mémoire, tensions musculaires permanentes, diminution des défenses immunitaires, troubles du sommeil, angoisse, irritabilité… Mieux vaut ne pas attendre que les symptômes s'additionnent pour éviter le burn-out! Le stress n'est pas une fatalité. On peut s'en prévenir et s'en guérir.