
Dalida 25 ans déjà

Mais que peut-on encore raconter sur Dalida sous prétexte que l'on célèbre les 25 ans de sa disparition? Et c'est ici que vous espérez, très fort, ne pas avoir été lu par le fan ultime qui, bien entendu, considère la question comme un blasphème fait à son idole. Cela n'étonnera personne, l'affection que suscite encore la figure de Dalida est immense dans les rangs de ceux qui chérissent, parfois d'une façon à la limite du bizarre, le souvenir de l'artiste. Une artiste à la mythologie marquée par le sacrifice, la lumière, la souffrance et la mort - autant dire la sainte patronne des amateurs de drames. Une sorte de saint Sébastien au féminin, les flèches en moins, le roucoulement en plus.
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Fan autoproclamé modéré, David Lelait-Helo, biographe de Dalida - auteur d'un nouveau livre, C'était en mai, un samedi, autour du suicide de la chanteuse -, est réquisitionné pour répondre à cette question que le commun des mortels se pose donc: que dire encore sur Dalida? "Il y a encore beaucoup de zones de mystère dans la vie de Dalida, répond-il, sans surprise. Mystère autour de la mort de Luigi Tenco (son fiancé qui se suicide en 1967 en plein Festival de San Remo - NDRL), mystère autour des deux derniers jours qu'elle passe seule chez elle, mystère autour de son dernier homme, un médecin. Un certain François Naudy qui n'est jamais sorti de l'ombre. Dalida continue de capter l’attention, y compris celle de certains jeunes qui ne l’ont jamais connue de son vivant."
C'est que la vie privée de Dalida, comme celle d'autres grandes icônes de la chronique sentimentale - Maria Callas et Romy Schneider en tête -, inspire la curiosité et résume à elle seule tout ce que le public fantasme d'une existence vouée à la célébrité. De Dalida, on aimerait encore savoir quoi? Si l'histoire d'amitié qu'elle entretenait avec François Mitterrand, l'un de ses plus grands admirateurs qui inscrira le nom de la chanteuse dans les archives du parti socialiste français, était aussi une histoire d'amour. "Le frère de Dalida, Orlando, affirme que non, rétorque Lelait. Une femme, qui se dit amie de Dalida, prétend, elle, qu'il y a eu une histoire d'amour."
Quelle était vraiment la nature de cette dépression qui, dit-on, minait la star au point de vivre en quasi-recluse? "Cela fait deux ans que ça ne va plus, elle s'enferme dans une petite pièce chez elle où elle joue aux cartes toute la journée, poursuit le biographe, et il y a un moment où ça bascule... François Naudy, le dernier homme de sa vie, se débine carrément. Elle doit le voir pour une soirée et il se décommande - c'est le point de non-retour." Chez elle, dans cette maison de Montmartre devenue lieu de pèlerinage pour ses adorateurs, mais aussi attraction touristique inscrite au programme des visites guidées de Paris. C’est dans cette demeure qu’elle met fin à ses jours, le 3 mai 1987, laissant derrière elle le fameux billet griffonné de sa main - "Pardonnez-moi, la vie m’est insupportable" -, relique qui a participé à la théâtralisation de la mort de Dalida.
Gardien du temple, son frère Orlando est aussi l’homme qui orchestre les va-et-vient médiatiques autour du souvenir de la chanteuse. Celle qui, depuis son premier succès en 1956, Bambino (titre néfaste, elle qui, dit-on, souffrait de ne pas avoir eu d’enfants), a vendu plus de 125 millions de disques. Et l’affaire continue de marcher avec des sorties régulières qui marquent chaque grand moment du calendrier Dalida. C’est le cas pour ce vingt-cinquième anniversaire, l’occasion de mettre sur le marché de nouveaux objets – nouvelle intégrale revue et augmentée, nouveaux DVD reprenant des concerts oubliés, mais aussi, il faut l’avouer, ce disque de reprises "Ils chantent Dalida", qui ne peut qu’éveiller la curiosité. On y entend - entre autres - Arno et Stephan Eicher, Christophe Willem, Christophe ou les Zap Mama avec Vincent Cassel dans une version intrigante de Paroles, paroles.
Dalida est-elle devenue un business dont l’entrepreneur serait son frère? Un homme d'affaires qui cherche la diversification du produit jusqu’à commettre des fautes de goût comme celle, il y a quelques années, d’un Dalida techno très moyen. "Pour connaître Orlando, prévient David Lelait, on peut dire que c’est un vrai passionné qui ne pense pas au business, mais plutôt au travail de mémoire. C’est vrai que, comme Claude François, elle vend encore beaucoup de disques, et c’est grâce à lui. Orlando reste très habitée par la carrière de sa sœur avec qui il entretenait une sorte de rapport de gémellité."
Que peut-on encore dire de Dalida, à part que nous sommes en période d’hommages et qu’aucun commentaire n’ira chercher des noises à l’image de la diva dont on dit que les colères étaient légendaires. "Si un musicien ne faisait pas ce qu’elle voulait, elle pouvait s’enflammer, souligne Lelait. Si elle préparait une émission des Carpentier, elle pouvait être stressée, mais tout le monde rapporte son humanité. Elle n’était pas du tout hystérique et, surtout, elle était dans le monde - proche de ses fans et proche des gens. L’idée de la diva vient de la construction du personnage et il se fait qu’à un moment donné, Yolanda qui a créé Dalida ne supporte plus Dalida." L’histoire d’une femme qui voulait vivre un grand roman et qui a fait de sa vie une telenovela aux ressorts inépuisables. Rendez-vous aux trente ans donc…
Le coin des bonnes affaires
CD - DVD
* "Dalida - Les diamants sont éternels", intégrale 24 CD, Universal
* "Dalida - Depuis qu'elle est partie" (best of) + "Ils chantent Dalida", 2 CD, Universal
* Dalida - Trois concerts inédits, 3 DVD, Universal
LIVRES
* Dalida, d’une rive à l’autre, David Lelait, collection J’ai lu, nouvelle édition à paraître le 3 mai.
* C’étai en mai, un samedi…, David Lelait, éditions Anne Carrière.
* La nuit de San Remo, Philippe Brunel, éditions Grasset
TELE
* L'AIR DU TEMPS: DALIDA - Jeudi 3 - France 5 - 21h40
* DALIDA 25 ANS DÉJÀ - Vendredi 4 - France 3 - 20h35
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