
Dominique Dalcan: retour gagnant

"Je suis là, tu le crois?" C'est la première phrase que prononce Dominique Dalcan sur "Hirundo" ("Hirondelle"), album magistral qui arrive après huit ans d'absence. "En disant "Je suis là", je n'entends pas me justifier sur mon silence radio, je souhaite seulement affirmer que je suis dans le présent et pas dans la nostalgie. J'ai le sentiment de repartir à zéro avec "Hirundo"", nous déclare, très persuasif, ce grand gaillard chauve qui a retrouvé le sourire.
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Considéré à ses débuts dans les années 90 comme le pionnier de la nouvelle chanson française aux côtés des Dominique A, Miossec et Katerine, le Parisien d'origine libanaise a aligné une poignée de disques marquants ("Entre l'étoile et le carré", "Cannibale", "Ostinato") avant de partir sur les chemins de traverse avec le projet électro Snooze, sur lequel il jetait de manière inconsciente les bases de la french touch. Et puis, plus rien, ou presque. Un "best of" contractuel ("Music-hall" en 2006), une collaboration avec la jeune slameuse Luciole et surtout un troublant silence radio comme si Dominique Dalcan avait rendu les armes. "J'ai connu pas mal de problèmes de santé dans les années 2000 et je sentais aussi que la musique ne me donnait plus entière satisfaction. Je me rendais compte enfin que je n'avais rien d'un carriériste. Pour moi, la musique n'a jamais été une course et encore moins une compétition."
Précédé du single Paratonnerre en 2010 ("une chanson apparue miraculeusement qui m'a servi de déclic"),"Hirundo" renoue avec l'esthétique lyrique et l'exigence mélodique des débuts. Réalisé avec Alex Gopher, le disque est un lumineux numéro d'équilibriste dans lequel cet artiste méticuleux exprime sa fragilité dans une poésie à double sens et impose, par ailleurs, une rigueur exemplaire dans les arrangements. Des guitares aériennes de C'était quoi la question aux refrains traversés de zestes électro de l'épique Des hommes et des lions en passant par les harmonies d'À quoi pensent les oiseaux ou le simple piano/voix La clope au bec, "Hirundo" marque un retour flamboyant.
La chanson Un signe d'ouverture est particulièrement exemplaire de l'esprit qui anime l'artiste. Elle peut être comprise comme une déclaration d'amour mais aussi comme un dialogue avec la mort. L'amour, la mort… Au propre comme au figuré, le cœur de Dominique Dalcan a failli lâcher, mais il valse à nouveau. Blessé, mais heureux d'être en vie et sans le moindre regret d'un parcours chaotique qu'il qualifie toujours d'artisanal, il conclut son disque par un optimiste Ton nom liberté. "Quand j'ai terminé "Hirundo", je me suis dit: "Merde, quelle putain de sensation". J'avais oublié comment on faisait un disque. Les réactions sont plutôt bonnes, je dois donner des interviews, on parle maintenant d'une tournée pour laquelle je dois réfléchir. Avec quels musiciens, quel visuel, quelles vieilles chansons que je dois inclure dans mon répertoire? Mais c'est plutôt un chouette questionnement."
PiaS