
[DOSSIER] Pourquoi les Flamands n’aiment pas Philippe?

Ce mardi soir, le roi Philippe prononcera ses premiers vœux de Noël. Si son discours est un peu politique, on peut déjà s'y attendre: cela ne plaira pas à certains Belges. Comme on commence à en avoir l'habitude, c'est surtout du nord du pays que viendront d'éventuelles critiques. Souvenez-vous de la récente affaire des grâces royales. Une fois encore, il a suffi d’un rien pour que la polémique batte en Flandre. Dans la foulée, y ont une nouvelle fois été rappelées toutes ces questions et revendications cent fois posées sur les pouvoirs du roi, l’évolution vers une mnarchie purement protocolaire, etc.
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A bien y regarder, on se demande d’ailleurs si toute cette affaire de grâces n’était pas un rien calculée. Après tout, les critiques à l’encontre du roi Philippe ont été émises par des personnalités politiques et des journalistes bien au fait de nos lois. Ceux-là savaient donc qu’en accordant 11 grâces royales, Philippe n’avait fait que ce que la Constitution lui impose: signer des textes envoyés par ses ministres.
La polémique passée (la mort de Mandela y est peut-être pour quelque chose), restent donc aujourd'hui les questions. Et singulièrement celle-ci: pourquoi diable certains - surtout en Flandre - en veulent-ils tellement au roi et ne lui passent rien? "Pour beaucoup de Flamands, l’heure est vraiment venue de passer à une monarchie protocolaire, où le roi n’a plus de pouvoir, même d’influence",explique Carl Devos, politologue à l’université de Gand et réputé proche des nationalistes de la N-VA. Pour autant, les Flamands n’auraient rien contre la personne du roi. "Tout le monde laisse sa chance à Philippe, reconnaît qu’Albert II était un homme sympa et pacificateur, Baudouin très sage, etc. Mais dans une démocratie, le pouvoir doit venir du peuple via des élections" rappelle le Gantois.
Des erreurs historiques
Il n'y a évidemment pas que la question de la légitimité qui ennuie les Flamands. Non, parmi les reproches fréquemment adressés à l’attention de la famille royale figure aussi - surtout? - sa mauvaise connaissance du flamand, pourtant première langue nationale. "Vous imaginez, si Barack Obama ne parlait pas correctement l’anglais?" ironise Carl Devos.
Cette frustration, on le sait, vient s’ajouter à une liste d’autres, dont cette bonne vieille Question royale, qui remonte quand même à plus d'un demi-siècle (1950). "Alors que la Wallonie était plutôt contre, la Flandre avait majoritairement voté pour le retour de Léopold III sur le trône, rappelle l’historien Vincent Dujardin, mais au final celle-ci n’a pas été entendue." Effectivement, malgré ce résultat positif (plus de 57 % de oui sur toute la Belgique), Léopold III finira par céder la place à son fils. Une décision prise pour pacifier le pays mais aussi une faute démocratique qui, en Flandre, servira de premier électrochoc.