[DOSSIER] Travaillez heureux

Un employé sur trois souffre dans sa vie professionnelle et 1 % de la population active est en burn-out. Et si on arrêtait de se tuer au travail? De plus en plus d'entreprises veulent vous rendre heureux. Et accroître au passage leurs bénéfices.

[DOSSIER] Travaillez heureux

"Qui connaît dans son cercle proche quelqu'un qui a fait un burn-out?" Une trentaine de mains se lèvent. Presque toute l'assemblée réunie ce lundi matin dans les bureaux de Galilei, une boîte spécialisée dans la gestion de carrière. Et pas n'importe quelle assemblée: ce sont les managers en ressources humaines de plusieurs grandes entreprises belges et internationales: Total, Mastercard, Belgacom ou encore Electrabel... Tous écoutent attentivement Jean-Philippe Mulders qui présente un outil de prévention contre le burn-out. Ce test, conçu par une chercheuse de l'UCL, est un questionnaire, ponctué de plusieurs entretiens, destiné à repérer dans une société les individus qui risquent de plonger et à les soutenir. Jean-Philippe Mulders a été au lancement de ce test, après avoir vu une de ses collègues sombrer sans rien pouvoir faire. Il a voulu lever le voile sur cette thématique encore taboue. "Le burn-out est un sujet qui dérange, car il remet en cause la stratégie de la direction. Quand un employé va mal, ça veut dire que l'organisation du travail n'est pas optimale."

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Il y a quelques mois encore, lorsqu'il organisait ce genre de conférences, Jean-Philippe Mulders ne parvenait pas à remplir la moitié de la salle. Aujourd'hui, il a dû diviser sa conférence en deux sessions tant le nombre d'inscrits était élevé. "On est au début de quelque chose, se réjouit le consultant. La presse en parle, les départements de ressources humaines aussi... Bientôt, ce sera au tour des conseils d'entreprises", prédit-il. Le sujet s'est invité à l'agenda politique cette année. En juillet, le conseil des ministres a adopté deux avant-projets pour renforcer le champ d'application de la loi relative au bien-être des travailleurs. Dans la foulée, la ministre de l'Emploi Monica De Coninck a lancé début novembre une vaste campagne de sensibilisation au bien-être au travail. Il était temps: selon une étude du SPF Emploi, les médecins ont diagnostiqué 19.000 burn-out en 2013.

Malades de boulot

D'après les estimations, la souffrance psychique au travail toucherait 30 % des travailleurs en entreprise. Des chercheurs des universités de Liège et de Gand ont révélé que quatre travailleurs belges sur dix ressentent un "épuisement émotionnel" lié au travail, et que un sur six se trouve en situation où il risque de plonger. Les suicides sur le lieu de travail, comme à La Poste ou Pôle Emploi en France, ne sont que la pointe de l'iceberg. Autour, 0,8 % de la population active est touchée par le burn-out et gonfle les statistiques de l'absentéisme. En Belgique, sur les 300.000 personnes en incapacité de travail prolongée (le chiffre a augmenté de 33 % en dix ans!), un tiers l'est à cause de troubles psychiques. Une personne sur dix s'absente au moins une fois par an suite à un stress trop élevé.

Voir le dossier complet dans le Moustique du 15 janvier 2014

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