
Editors: "On n'a jamais été hype et on s'en porte très bien!"

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Officiellement, votre guitariste Chris a quitté Editors en raison de divergences musicales. Un groupe n'a-t-il justement pas besoin de différences de point de vue pour évoluer?
Tom Smith - C'est vrai, vous avez parfaitement raison. Sauf que dans notre cas, nous avions dépassé le stade des divergences musicales. Chris ne montrait plus aucun enthousiasme. Il ne voyait que du négatif dans nos idées et si on ne suivait pas son avis, il se renfermait sur lui-même. Musicalement parlant, le dialogue n'était plus possible. Ce fut une phase très douloureuse pour nous. Nous étions dans la situation du couple qui se rend compte que le divorce est inéluctable mais qui n'ose pas prendre la décision de se séparer. Il ne faut pas oublier qu'avant d'être un membre d'Editors, Chris était notre ami que nous avions rencontré au début des années 2000 à l'université du Staffordshire. Jamais je n'aurais pensé que nous allions en arriver là. On ne se parle plus depuis qu'il a quitté le groupe.
Les remous qu'Editors a connus en 2012 ont-ils eu des conséquences sur l'atmosphère générale de votre nouvel album?
Non, la plupart des textes étaient écrits avant. Le thème central du disque est l'amour ou, de manière plus générale, l'importance que prennent les relations sentimentales sur notre quotidien. Si vous voulez éviter les gros clichés en écrivant sur ce thème, mieux vaut en explorer la face sombre que les aspects les plus joyeux. Mais même si nos nouvelles chansons évoquent le mensonge, la rupture et la malhonnêteté, "The Weight Of Your Love" est sans doute l'album le plus lumineux que nous ayons enregistré.
Sur votre site Internet, vous dites qu'avec "The Weight Of Your Love", Editors pose un pied dans le rock alternatif et un autre dans l'americana. Ça signifie quoi?
Bien qu'originaires de Birmingham, nous sommes plus influencés par la musique américaine que par la pop anglaise. En partant enregistrer à Nashville, nous avons un peu réalisé un fantasme d'adolescent. Nous avons senti que nous étions prêts pour sauter le pas et que ça pouvait fonctionner pour nous. Je ne vous parle pas de la possibilité d'avoir du succès là-bas, mais bien de la maturité qui nous permettait d'intégrer sur un disque tout ce que nous aimons dans la musique américaine tout en gardant notre identité. Et, effectivement, sur "The Weight Of Love", vous pouvez entendre des influences allant de l'americana moderne au rock alternatif et mélodique qu'on trouve sur les albums "Green" ou "Automatic For The People" de R.E.M., un groupe qui a toujours été un modèle pour Editors.
Comment positionnez-vous Editors dans la scène rock anglaise actuelle?
Nous sommes dans une position confortable. Nos chansons passent à la radio et nos tournées attirent du monde sans que cela fasse pour autant des vagues. Excepté à nos débuts où on parlait de nous comme des "nouveaux Joy Division", Editors n'a jamais été assimilé à un genre particulier. Nous n'avons jamais été non plus le sujet favori de la presse musicale anglaise, que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Editors n'a jamais été un groupe hype et on s'en porte très bien.
Excepté à Werchter, quel est le meilleur endroit pour découvrir votre nouvel album?
La voiture reste l'endroit privilégié pour écouter de la musique. Quand nous étions à Nashville pour enregistrer le disque, on faisait le trajet en voiture de notre hôtel au studio en écoutant les radios FM. Nous étions comme des gamins quand on entendait Jump de Van Halen, Blackbird des Beatles ou Everybody Hurts de R.E.M. On mimait les solos de guitare et on chantait à tue-tête par la vitre. Je me souviens m'être dit: "Ce serait cool que nos chansons provoquent le même effet sur les gens qui partent bosser le matin en bagnole".
Luc Lorfèvre
Le 7/7 à Werchter.
Article complet dans le Moustique du 26 juin.
Editors
The Weight Of Your Love
PiaS