Eels - Wonderful, Glorious

C'est sur la scène du Cirque Royal, le 10 avril prochain, que Mark Oliver Everett, alias E, fêtera ses cinquante ans.

Et à en croire les dernières nouvelles, cet homme au look zarbi qui nous a habitués à partager dans ses chansons tous les malheurs de son existence (mère emportée par le cancer, sœur suicidée, dépressions...) semble avoir retrouvé le moral.

Dans "Wonderful, Glorious", dixième album de son groupe, il chante ainsi "I'm in a good mood today" (New Alphabet),évoque les petits accidents heureux de la vie (Accident Prone)et va même jusqu'à déclarer "Je suis tellement heureux" sur Kinda Fuzz. Cool, non?

Musicalement, il y a aussi de bonnes raisons de se réjouir. Après sa trilogie ("Hombre Lobo", "End Times", "Tomorrow Morning"), Everett a pris une pause méritée, s'est rafraîchi l'esprit et a retrouvé les sensations innocentes qui émaillaient son premier classique "Beautiful Freak" (1996). Enregistré dans son home studio de Los Feliz, en Californie, ce disque abrite des chansons rock furieuses (Peach Blossom, Bombs Away, New Alphabet),des ballades plus enveloppées et ces refrains de pop contemporaine qu'il distille toujours avec une passion artisanale.

Lorsqu'un journaliste de The Independent lui avait demandé de dresser la liste des membres de son groupe idéal, E avait place Sly Stone derrière les claviers, Prince à la gratte, oncle Paul (McCartney) à la basse, Ringo Starr à la batterie et Tom Waits au chant.

C'est surtout à Tom Waits qu'il nous fait penser ici, notamment au travers de cette voix éraillée capable de dérouler un blues démoniaque (Open My Present), de jouer les poivrots au cœur de lune (You're My Friend)ou de dépoter (Stick Together)avec la même fausse nonchalance.

On connaissait l'esprit torturé d'Everett, de même que son sens de l'aventure sonore. En évitant de trop ressasser ses bobos, il dévoile ici tout son altruisme et une foi rock qu'on ne lui soupçonnait plus. Un de ses meilleurs albums.