Grand froid: Les plans hiver fonctionnent mais...

Bien sûr, il y a eu des cafouillages et de l'improvisation, mais les résultats sont là: durant cette crise de froid aigu, les plans hiver ont fonctionné.

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Coordonnés par sept relais sociaux installés dans les principales villes wallonnes et le Samu social de Bruxelles, ils ont réussi à répondre à toutes les demandes d'hébergement, sauf dans la capitale. À Liège, par exemple, Yvon Henry, directeur du relais social, note avec étonnement "que ce n'était pas le cas en décembre où il a fallu laisser des personnes en rue. Pour la période de grand froid, nous avons pu accueillir plus de 500 personnes avec notre dispositif de 102 lits".

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Cette distorsion de chiffres s'explique simplement: tous les SDF ne dorment pas en permanence en rue. "Il y en a qui logent parfois en squat, parfois sous tentes ou dans les campings, voire chez des amis ou de la famille. Ou d'autres qui finissent à l'hôpital ou en prison." Les grands froids qu'on a connus ayant été annoncés plusieurs jours à l'avance, certains sans-abri ont sans doute cherché des solutions provisoires de logement. Du côté de Charleroi, on souligne même le côté positif de cette période de gel intense: "Elle a poussé des SDF à revoir leur a priori sur l'hébergement. Par effet de contamination, cela en redynamise d'autres qui recommencent à envisager cette solution."

Autre enseignement: les acteurs du logement, privé et public, contactés par un relais social pour dégager quelques places, n'ont pas eu le cœur de refuser par un froid pareil. Ce sentiment d'urgence a permis d'apaiser la tension à Bruxelles, où de nombreux sans-abri d'autres provinces ont l'habitude d'affluer avec l'espoir de trouver plus facilement un toit. Un contingent grossi d'autant de demandeurs d'asile, lâchés par l'Office des étrangers.

Dans la capitale, on l'a dit, tous les demandeurs n'ont pas pu bénéficier d'un hébergement de nuit. Mais le Samu social a pu se réjouir d'"une réponse appréciable du fédéral pour dégager des places". Le pire a donc été évité, même si, "en dehors de ces situations exceptionnelles, le manque de places d'hébergement à Bruxelles est criant. C'est un vrai problème structurel".

Notre politique d'asile est grippée

Cela fait des mois que les associations de terrain le dénoncent: les centres d'accueil pour les candidats réfugiés sont saturés. Fedasil, l'agence fédérale pour les demandeurs d'asile, est donc obligée d'en laisser une partie à la rue. On parle d'environ 1.500 personnes. Ces dernières semaines, cette réalité qui touche peu la population en temps normal est apparue particulièrement cruelle. L'attitude de Maggie De Block, secrétaire d'Etat à l'Asile, reflète bien l'ambiguïté qui entoure ce débat. D'abord accrochée à sa ligne de conduite - il faut agir pour diminuer la demande d'asile -, elle a fini par prendre conscience de l'urgence humanitaire de cet hiver. Elle a réuni ses collègues du gouvernement pour, finalement, dégager 800 places d'accueil en urgence, au bénéfice notamment de familles avec enfants, de malades et de handicapés. Après tout, ils y ont droit, comme le prescrit la législation belge.

Si la réaction a tardé, elle a au moins eu le mérite d'éviter des drames. Mais pas tous. La situation des mineurs non accompagnés (Mena) reste, par exemple, un gros point noir. Fedasil ne les prend plus en charge depuis trois ans. C'est pourtant une obligation de la "loi asile". Et si les services d'aide font de leur mieux pour les accueillir, ils ne peuvent éviter que des dizaines de jeunes dorment en rue tous les jours, même quand le mercure descend sous zéro. Une fois la situation d'urgence humanitaire passée et les centres d'hébergement provisoires fermés, ils y seront rejoints par des centaines de demandeurs d'asile. Or, comme le souligne un membre de Médecins du monde, "on meurt autant dans la rue en été qu'en hiver".

Nos infrastructures sont inadaptées

La Belgique est exposée à des hivers rigoureux. Pourtant, dès que le mercure baisse solidement, c'est la foire. De nombreux automobilistes ont pu le constater lors des chutes de neige du vendredi 3 février: 1.275 kilomètres d'embouteillages sur l'ensemble du réseau routier. Record battu! Mais, au moins, les voitures sont chauffées. Ce n'est pas le cas des quais de gare sur lesquels les voyageurs se sont gelé les pieds en attendant les trains en retard. La faute à des voies et des aiguillages qui supportent très mal le froid et à un matériel roulant qui souffre dès que les températures baissent.

Une partie de ces voyageurs malchanceux ne pouvaient même pas compter sur leur home sweet homepour se réchauffer. Chaudières, compteurs et conduites d'eau ou de gaz ont très mal encaissé le froid. "Apparemment, les canalisations ne sont pas garanties pour des températures inférieures à -15°C", témoigne Luc. Durant plusieurs jours, ce père de deux petites filles a dû trouver des solutions de fortune pour pallier le gel des tuyaux reliant sa citerne de mazout à son système de chauffage. Il n'habite pourtant pas les Hautes-Fagnes mais la banlieue bruxelloise. Cela ne le consolera pas, mais Luc n'est pas le seul dans le cas. Les chauffagistes et services d'entretien des canalisations d'eau ont été submergés par les demandes d'intervention. Et ce n'est pas fini. Beaucoup d'installations ont été soumises à rude épreuve: le dégel apportera aussi son lot de mauvaises surprises.

Agissez

Même si le redoux s'amorce, les plus démunis ont encore besoin de notre générosité.

Croix-Rouge: 0800/230.30 Compte: BE72-000-0000016-16.

Hiver 2012 - RTBF: 02/737.2012. Compte: BE82-000-0000068-68.

Les dons sont déductibles fiscalement à partir de 40 €.

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