

"Depuis un mois, je passe un temps fou à rassurer mes patientes", témoigne le Dr Doug Roussillon, débordé. Il faut dire que ce chirurgien plastique de renom a procédé à 5.000 implantations mammaires en 25 ans de carrière. Et que le scandale international des prothèses PIP (qui ne concerne en rien le Dr Roussillon et sa patientèle) a de quoi semer la panique: l'entreprise française Poly Implant Prothèse a utilisé de la silicone industrielle dans sa production, une matière qui expose ses porteuses à des risques de cancer. En Belgique, cinq femmes concernées ont décidé de se faire retirer leurs implants. Et de nombreuses autres devraient les suivre, puisque 674 prothèses de marque PIP ont été implantées sur notre territoire.
Voilà qui a également de quoi déclencher des craintes réelles envers la chirurgie plastique, même si la grande majorité des praticiens sont droits dans leurs gants de caoutchouc. Pourtant, même s'il n'existe pas de statistiques en la matière, les femmes n'ont jamais eu autant recours à l'augmentation mammaire, nous ont assuré les experts que nous avons interrogés. Pourquoi? C'est à cette question toute simple que répondent trois patientes passées par la salle d'opération pour bénéficier d'une poitrine boostée ou réparée.
Elle a toujours "aimé être sexy". Alors, quand ses seins, déjà pas bien gros avant, se sont réduits comme peau de chagrin suite à la naissance de son fils, Isabelle a eu le blues. "Je trouvais mes seins tellement vilains que je ne portais plus de décolleté et que je ne me déshabillais plus devant mon mari. 35 ans, c'était trop jeune pour mettre ma féminité et ma sexualité de côté." Préoccupée mais pas obsédée par son bonnet A qu'elle ne remplissait même plus, la jeune maman s'est mis en tête de passer par la chirurgie mammaire. D'autant qu'elle fait partie de "ces gens qui ont les moyens de se la payer. Ça m'a coûté très exactement 3.800 €".
Isabelle s'est soigneusement informée avant de confier sa poitrine à un spécialiste. "Pas question d'une intervention au rabais dans une arrière-cuisine du Limbourg et effectuée par un médecin au nom slave avec des prothèses douteuses. Je voulais un chirurgien reconnu par sa profession." Elle a fini par trouver l'élu. "Il m'a convaincue en m'expliquant que je faisais partie de ces femmes qui veulent une jolie poitrine, pas trop imposante, bien proportionnée par rapport à leur silhouette. Après l'opération, je suis arrivée à un 90 C. Comme je ne suis pas super fine, c'est une taille parfaite."
Avant son opération, Isabelle a pris soin d'annoncer et d'expliquer sa démarche à ses proches. Ceux-ci ont bien réagi. "Je vis dans un environnement social où c'est parfaitement toléré. Et pour cause: parmi mes copines, une sur trois porte des implants. Tout au plus mes parents se sont-ils inquiétés des suites opératoires. Et heureusement, tout s'est très bien passé." Etonnamment, c'est son mari qui a pris le plus de temps à s'habituer. "Il n'était pas demandeur. Il avait peur que je me transforme en bimbo à gros lolos et que j'attire trop le regard des hommes. Puis, il n'aimait pas l'idée de faux seins au toucher plus ferme, plus froid. Mais, avec le temps, il s'est mis à apprécier le bel équilibrage de ma silhouette."
Et les gens qu'elle n'a pas mis au courant? "Personne ne remarque que je me suis fait opérer, assure-t-elle. Par contre, on me dit que j'ai beaucoup maigri. Or, je n'ai pas perdu un gramme. Et quand je leur dis que je me suis fait opérer, les gens restent incrédules. C'est la meilleure preuve de la réussite chirurgicale." Restent les mauvaises langues… "Je suis parfaitement à l'aise avec le jugement des autres. Bien sûr qu'on peut trouver cette intervention futile, tout comme se faire blanchir les dents. Moi, j'assume. Si c'était à refaire, je recommencerais. Ce type de démarche est vain quand on pense que cela va aider à se trouver un petit ami ou à garder son homme. C'est d'ailleurs ce qui a motivé une de mes amies dont le couple battait de l'aile. Aujourd'hui, elle est toujours avec son mari. Mais elle regrette son opération."
Deux autres témoignages dans le Moustique de cette semaine.