Interstellar, l’odyssée de l’espèce

Réalisé par Christopher Nolan. Avec Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Jessica Chastain - 169’.

Avec son casting trois étoiles, sa façon de produire des films à la fois blockbusters et réfléchis (Batman Begins, The Dark Knight Rises, The Prestige) et sa maîtrise de la science-fiction déjà éprouvée dans Inception, Christopher Nolan avait toutes les cartes en main pour réaliser une odyssée de l’espace qui ferait date. Et il n’a pas raté le coche! Avec cette histoire simple en surface (un groupe d’explorateurs utilise une faille dans l’espace-temps, et se lance dans un voyage interstellaire pour tenter de dénicher des territoires potentiellement habitables par des humains), mais élaborée en profondeur (avec une réflexion sur la relativité du temps qui passe et un regard désespéré sur la nature définitivement conflictuelle de l’espèce humaine). Et si l’on excepte quelques tirades un peu longuettes de gloubi-boulga philosophico-scientifique, il n’y a rien à jeter!

Pour quatre raisons, qui constituent en fait une sorte de synthèse du cinéma de Nolan: un scénario riche et haletant de bout en bout, des acteurs parfaitement à leur place et très bien dirigés, des retournements de situation vicieusement bien placés, et cette capacité à ne pas faire une obsession de l’ultra-efficacité. Car le cinéaste ose truffer son film de plans que l’on regarde juste pour leur beauté, même s’ils ne font pas avancer le récit. Et ces images silencieuses de l’univers, à la fois noir, infini et oppressant, vont faire date! Ni paralysé ni démonstratif, malgré son budget de 165 millions de dollars, Interstellar fait office de fusée qui propulse définitivement Nolan au rayon des grands réalisateurs. Aux côtés de Steven Spielberg ou Stanley Kubrick… comme par hasard.

Un dossier sur Matthew McConaughey dans le Moustique du 5 novembre 2014