Invasion british à Werchter

Avec Miles Kane, Damon Albarn et Robert Plant, ce sont trois générations de stars anglaises qui se succédaient ce jeudi. 

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Le fils néo mod, le papa geek de la bripop toujours prompt à faire les 400 coups avec de nouveaux camarades de jeux et le grand-père friand qui invente le rock and world. Agés respectivement de 28, 46 et 65 ans, Miles Kane, Damon Albarn et Robert Plant se succédaient ce jeudi sur les trois scènes de Rock Werchter. Trois générations d'artistes doués, élégants et qui, tout en étant profondément attachés à leurs racines anglaises,   parfument leur musique d'influences délicieusement bigarrées. Compte-rendu et verdict...

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Miles Kane

Le  nouveau mod romantique avait les honneurs de la grande scène ce jeudi et la première surprise fut d'ordre capillaire.  C'est en effet le cheveu coupé -très-court que celui qu'on surnomme outre-Manche "the best nice guy and the best dressed man in rock and roll"  déboule avec son band et lance les débats avec le groovy Inhaler. Pantalon moulant acheté dans une boutique sixties de Camden, chemise vintage repassée sans le moindre faux pli,  le gaillard ajoute à son élégance vestimentaire une démarche rock and roll très classe.  Le son est propre, la rythmique est carrée, les tubes (Counting, You're gonna get it, Rearrange, Come Closer) bien répartis dans le set, tout comme ses œillades aux jeunes filles se dandinant dans les premiers rangs et ses "come on Belgium".  Malgré un an de tournée intensive, successive à la sortie de son deuxième album "Don't Forget Who Your Are",  Miles Kane  a la niaque et insuffle une énergie glam-rock à sa prestation.  Le look, le talent, la foi rock and roll... Ce mec a tout et on l'adore. Bon, on vous livre un scoop en bonus. Miles Kane compose actuellement avec son pote Alex Turner (avec ses Arctic Monkeys ce vendredi à Werchter) le soundtrack d'un film inspiré par X Men se déroulant, of course, dans l'Angleterre des années soixante.

 

 

Les trois moments forts du concert

#1 Son entrée sur scène et cette impression qu'il veut à chaque fois donner le meilleur de lui-même.

#2 Sa citation de Sympathy For The Devil des Stones pendant Give Up.

#3 Le final glam rock, façon T.Rex, de Come Closer.

 

 

Robert Plant And The Sensational Space Shifters

Pendant que Jimmy Page assure le service après-vente des rééditions des trois premiers albums de Led Zeppelin, Robert Plant est en tournée des festivals avec son groupe The Sensational Space Shifters avec qui il vient de terminer son nouvel album  "Lullaby and ... the Ceaseless Roar" prévu pour le 9 septembre. Enregistré à Whilshire et dans les studios Real World de Peter Gabriel,  ce disque de onze chansons est annoncé par Plant comme de "la trance africaine qui rencontrerait Led Zep". Et c'est exactement ce qu'il a montré ce jeudi à Rock Werchter sous un chapiteau The Barn chaud boulette. Et comme si cela ne suffisait pas, il a fallu qu'en début de concert, le guitariste lance l'intro de Stairway To Heaven (qui ne sera pas joué) pour que le température monte encore d'une dizaine de degrés. A soixante-cinq balais et la chevelure -désormais poivre sel- impressionnante,  l'ex-chanteur du Dirigeable reste très en voix et va encore chercher de la nouvelle matière dans les musiques black. Malaxant le blues qui lui est cher et les sonorités africaines, son concert effectue sans cesse des voyages aller-retour dans le temps, entre les continents et les genres. Après une version à couper le souffle de Baby I' Gonna Leave You,  chanson traditionnelle popularisée par Joan Baez et enregistrée par Led Zeppelin sur son premier, Plant emmène le public dans un monde global et imaginaire. Sur le classique Black Dog, ce sont des notes sorties d'un riti sénégalais qui remplacent les accords de Jimmy Page. Plus loin, il déterre le blues obscur Fixin' To Die de Bukka White "qui a autant influencé Jack White que Led Zeppelin", saisit un tambourin pour l'excellent Rainbow tiré de son nouvel album,  se la joue nostalgique sur une version époustouflante de Going To California et, hilare, balance en fin de concert une  adaptation rock and world de Whole Lotta Love. On comprend pourquoi il n'a pas envie de reformer Led Zeppelin pour une tournée lucrative. Il prend son pied comme ça et en profite. Une claque...

 

 

Les trois moments forts du concert

#1  La version de Whole Lotta Love sur laquelle des gamins de quinze ans s'éclataient comme des fous.

#2 L'émotion non  feinte de Robert Plant quand il remercié le public pour l'accueil réservé aux deux chansons extraites de son nouvel album (Rainbow et Little Magie).

#3 Le blues du diable Fixin' To Die.

 

 

Damon Albarn

Véritable golden boy de la pop britannique, Damon Albarn transforme tout ce qu’il touche en or. En fait, c’est bien simple : l’Anglais ne s’est jamais raté. En marge du succès de Blur, le garçon s’est réinventé sous le soleil d’Afrique (avec l’album Mali Music), a rêvé de l’Angleterre avec The Good, the Bad and the Queen et s’est affublé d’une casquette de producteur (pour Gil Scott Heron ou Bobby Womack). Surtout, il a inventé Gorillaz, groupe virtuel et projet majeur de la pop du nouveau millénaire. Aujourd’hui, il est à Rock Werchter en solitaire pour présenter les titres d’un album signé cette année sous son propre nom, l’excellent "Everyday Robots". Assez logiquement, Albarn attaque par là, avec Lonely Press Play, un extrait de cet essai solo. Après le tour de chauffe, Damon lâche trois morceaux de Gorillaz. Dans des versions sensiblement plus rock, Tomorrow Comes Today , Slow Country et Kids With Guns (dans un fondu-enchaîné avec une reprise de Push It de Salt-n-Pepa) font monter la température d’un cran. Veste en jeans sur le dos, cool et détendu, l’artiste s’installe derrière le piano et sort quelques trésors de son chapeau (Kingdom of Doom  de The Good, the Bad & the Queen, le Out of Time de Blur au piano). Le climax du show survient lorsqu’il convie le rappeur ghanéen M. Anifestpour une version survoltée de Clint Eastwood. Le tube de Gorillaz passe comme une lettre à la poste. Le rideau tombe sur un Heavy Seas of Love magique soutenu par une chorale gospel de six voix angéliques. Le tout sous un soleil couchant. Hyper touchant.  

 

 

3 moments forts

#1 Le premier sourire de Damon sur la scène de Rock Werchter. Voir sa dent en or qui brille. C'est toujours la classe.

#2 La foule en délire sur le Clint Eastwood de Gorillaz

#3 Le coucher de soleil sur le final Heavy Seas of Love

 

Photos : © Marie Frankinet

 

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