
Justine Henin: Retour perdant

Comme une chef d’Etat. C’est par voie de communiqué - drôlement bien torché - balancé sur son site que Justine Henin a annoncé sa deuxième retraite sportive. A 28 ans. L’état physique de la championne du circuit du tennis professionnel est à l’origine de ce départ, cette fois définitif. "Aujourd’hui, les examens sont clairs et les médecins formels: mon coude est trop abîmé et trop fragilisé pour que je puisse continuer à exercer ma passion et mon métier à un haut niveau. Je suis sous le choc…"
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C’est peu dire qu’en Belgique, surtout, on a durement ressenti les secousses du séisme. Justine a annoncé sa mauvaise nouvelle en plein Open d’Australie, dans la foulée d’une honorable défaite au 3e tour face à Svetlana Kuznetsova. Et alors que Kim Clijsters survolait la compétition et atteignait des pics de popularité jamais connus. Impossible de ne pas évoquer la Limbourgeoise. Voici sept mois, à Wimbledon, cette dernière avait battu sa rivale, qui avait, de surcroît, effectué une vilaine chute sur le coude. "J’ai compris à ce moment que les choses seraient compliquées pour revenir, confie aujourd’hui Juju. Rarement épargnée par la douleur, j'ai vécu d'éprouvants derniers mois de travail. Le temps a passé et les doutes ont grandi."
Depuis son retour à la compétition, début 2010, Justine a essuyé trois revers face à Kim. A l’inverse de Clijsters - qui a cependant dû porter le deuil de son père Lei -, Henin a façonné sa carrière dans la souffrance. Douleurs nées d’un environnement familial pesant (décès précoce de sa mère, séparation avec son mari et son père…). Douleurs imposées, aussi, par un physique a priori mal taillé pour s’imposer, plusieurs années durant, au top mondial. Car il n’y a pas que le coude de la néo-Bruxelloise qui a souffert. Des pieds à la tête, rien ne lui a jamais été épargné. Peu de gens mesurent la force mentale qu’il faut posséder pour se hisser puis se maintenir au sommet d’un sport individuel. Pour s’en sortir, elle a bossé plus que d’autres. En secret. Une ligne de son communiqué d’adieu a valeur de testament: "Si je devais avoir un seul regret, ce serait de m’être trop protégée et de ne pas avoir été encore plus proche de vous. J’espère que vous me pardonnerez mes maladresses et que vous garderez un merveilleux souvenir de ces émotions partagées ensemble…"
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Numéro 1: son obsession
Mais revenons sur la raison de cette deuxième retraite de la Belge en moins de 2 ans, un adieu qui n’a pas manqué d’être commenté en des termes peu amènes. Que n’a-t-on pas écrit sur Justine Henin, dont la com n’a pas toujours été adroite pour anéantir canards et rumeurs? La vérité est-elle bien celle qui est avalisée par un certificat médical? Certains en doutent. Et une personnalité du milieu tennistique international ose les questions qui fâchent…
"Un seul médecin, le docteur Bellemans de Louvain, si j’ai bien lu, a décidé que Justine ne pouvait plus jouer au plus haut niveau. Foutaise! Moi, quand je suis blessé, je consulte une demi-douzaine de spécialistes avant de prendre une décision… Justine a changé son staff ces derniers mois. Pourquoi? Et voici quelques années, elle s’était séparée de son préparateur physique Pat Etcheverry, sommité en la matière, pour travailler avec un inconnu. Etrange, non?"
La thèse physique ne serait-elle donc qu’un alibi? "Soyons clair: qu’elle ait quelque chose, c’est évident. Mais quand on perd deux fois 7-6 au troisième set face à Clijsters et, plus récemment, au 3e tour d’un Grand Chelem, de justesse face à Kuznetsova, ce qui peut arriver après une éclipse de 7 mois, c’est qu’on n’est pas fichu physiquement… Je crois surtout que le retrait de Justine s’explique par le fait qu’elle a senti qu’elle ne pourrait plus devenir numéro 1. Et cela a joué sur son moral. Depuis qu’elle est petite, Justine ne joue que pour gagner, pour être la meilleure. Rien d’autre ne l’intéresse. Pas même dire bonjour quand on la croise. Elle avait déclar