A la recherche du temps perdu adapté en télé sur France 2

Luchino Visconti et Joseph Losey s'y étaient cassé les dents. Adapter les sept tomes de l'Å“uvre magistrale de Proust, l'idée était-elle seulement réalisable? Nina Companeez, reine des grandes fresques historiques télévisées, s'était longtemps imaginé que non.

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Luchino Visconti et Joseph Losey s’y étaient cassé les dents. Adapter les sept tomes de l’œuvre magistrale de Proust, l’idée était-elle seulement réalisable? Nina Companeez, reine des grandes fresques historiques télévisées, s’était longtemps imaginé que non.

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Mais il aura fallu les encouragements d’un téléspectateur, convaincu qu’elle seule pourrait mener l’entreprise à son terme, pour qu’elle se risque à porter à l’écran le parcours initiatique du héros anonyme de Proust.

En couvrant la quasi-intégralité de l’histoire, des jeunes années du narrateur à ses débuts d’écrivain, Nina Companeez se distingue d’emblée de ceux qui l’ont précédée dans l’adaptation de ce chef-d’œuvre de la littérature française: Volker Schlöndorff s’était attelé à Un amour de Swann, Raoul Ruiz préféra s’intéresser au Temps retrouvé et Chantal Akerman, dans La captive, donna sa propre vision du cinquième tome, intitulé La prisonnière.

Deux épisodes seulement pour raconter toute La recherche? Le parti pris semble étonnant, mais il fonctionne. Resserrée, cette fiction ne perd pas pour autant le souffle romanesque du roman. La réalisatrice a choisi de n’évoquer l’enfance du narrateur qu’au travers de flash-back, judicieux choix qui permet de s’attacher aux années d’apprentissage du jeune homme, apprenti écrivain détourné de son but par les tentations mondaines et amoureuses. Autour de Micha Lescot - acteur de théâtre incarnant un héros un peu trop emphatique -, on retrouve le formidable trio formé par la réalisatrice pour L’allée du roi: Dominique Blanc, Didier Sandre et Valentine Varela, tous trois parfaits. Entre comique et tragédie, leurs personnages reflètent toutes les contradictions, les hypocrisies, les petits arrangements d’aristocrates tout à la fois dignes et pathétiques, mondains et infiniment seuls.

Alors que La recherche continue d’apparaître comme une œuvre extrêmement littéraire et peu accessible, tout l’enjeu pour Nina Companeez était d’offrir aux néophytes "une porte d’entrée vers Proust" et de partager un peu de l’art de cet "enchanteur". Le pari est relevé, même si la voix off, citant de nombreux extraits des sept volumes, paraît parfois trop présente. Comme par modestie devant sa propre audace, la réalisatrice fait défiler le générique de début sur les images des acteurs en pleins préparatifs. Une manière de rester à distance d’un talent auquel elle souhaite rendre un hommage personnel, sans jamais chercher à s’approprier son œuvre.
Anne-Claire Préfol

1er février: 20h35 FRANCE 2 A la recherche du temps perdu

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