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"Un mash-up du Club 54 et de vaudou haïtien". Voilà comment Win Butler décrit l'ambiance musicale de "Reflektor", quatrième album de son groupe Arcade Fire. Les deux références citées par le leader en chef de la formation montréalaise ne sont pas anodines. Le Club 54, c'est bien sûr le temple du disco du New York des années coke. Et de fait, régulièrement sur ce double CD, notamment sur It's Never Open (Oh Orpheus) et We Exist dont le beat semble avoir été extrait d'un maxi de Donna Summer produit par Giorgio Moroder, l'auditeur peut se lover au creux de refrains hédonistes et de rythmes à quatre temps. Et même si les fans savent depuis plusieurs mois que "Reflektor" est passé entre les doigts de James Murphy, gourou électro/rock de LCD Soundsystem, ce virage dance est sans aucun doute la grosse surprise de ce disque.
L'allusion à Haïti est, par contre, beaucoup plus évidente. Régine Chassagne, épouse de Win et multi-instrumentiste du collectif, est la fille d'émigrés haïtiens qui ont fui la dictature de François "papa Doc" Duvalier. Sur "Funeral", premier disque d'Arcade Fire paru en 2004, il y avait déjà une chanson intitulée Haïti et, depuis, le groupe n'a cessé de marqué son attachement à l'île meurtrie par un tremblement de terre en 2010, notamment via l'association Partners In Health. Mais cette fois, c'est sur tout son album qu'Arcade Fire parfume ses compositions d'effluves des Caraïbes. Le groupe joue comme un orchestre de mardi gras sur Here Comes The Night Time. Il invite à la danse des corps et à l'abandon de soi. Entre guitares électriques (ouf, il y en a toujours!), lignes de basses musclées et bidouillages au laptop, on entend des congas, des tambours, des cloches, des sifflets. Bref, c'est un peu comme si après avoir réussi à imposer son rock indie dans les stades, Arcade Fire avait envie d'animer le carnaval sur le dancefloor.
Du rock, il en est encore question. L'énergie déployée sur Joan Of Arc rappelle les meilleures envolées de "The Suburbs" tandis que le remuant Normal Person ressemble à un inédit de Roxy Music période platform boots. Cette très attendue livraison a aussi ses faiblesses. Un double album, ça fait joli dans une discographie. Mais n'y mettre que treize chansons et les rallonger inutilement par les gimmicks redondants de James Murphy (les deux versions de Here Comes The Night Time, les onze minutes de Supersymmetry),ça dessert la force mélodique de l'ensemble. Au final, il convient pourtant de saluer Arcade Fire pour son esprit de liberté et son refus de ressortir la formule gagnante de "The Suburbs". Rendez-vous très vite sur scène.
REFLEKTOR, Arcade Fire, Universal.