
Le retour des Innocents et de la pop à la française (interview + playlist)

Le bug de l'an 2000, c'était le quatrième album des Innocents, le dernier. Problèmes relationnels, baisse des ventes, le groupe explose quand Jean-Christophe Urbain, une de ses deux voix et de ses deux compositeurs, claque la porte. Deux ans plus tôt, l'Affaire Louis Trio, autre groupe marqué au fer rouge par les Beatles, Elvis Costello ou Bob Dylan avait déjà rendu les armes. Face à l'arrivée des chanteurs néo-rive gauche, la scène pop française déposait le bilan.
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Ces dernières 14 années, JP Nataf et Jean-Christophe Urbain, les deux leaders du groupe, n'ont pourtant pas chômé. Jipé a sorti deux albums et tourne toujours avec ses Siestes acoustiques (dans lequel on retrouve aussi Albin de la Simone ou Bastien Lallemant) tandis que Jicé a, entre autres, réalisé l'album des Cats On Trees et a participé au second album solo de son comparse. L'an passé, ils imaginent même de reformer les Innocents en "duo". Leur date au Brussels Summer Festival est à la fois une surprise et un succès de foule. Des centaines de personnes restent sur le carreau à l'extérieur du chapiteau et le groupe se voit obligé de donner deux concerts dans la soirée. La machine est relancée. Cette année, sur la scène des Francofolies de Spa, alors que les fans reprennent sans faillir tous les anciens tubes, le groupe présente même deux nouveaux titres dont Les philharmonies martiennes, single attendu à la rentrée. Ce ne serait donc qu'un début.
Les Innocents sont de retour mais vous n'êtes plus que deux...
JP NATAF - C'est l'accomplissement d'un fantasme inavoué. A l'époque, la question ne se posait car on formait un groupe. Mais on a toujours écrit les chansons à nous deux. Il fallait ensuite tenir compte des autres membres et intégrer de la batterie, de la basse à des morceaux qui parfois auraient pu se contenter d'une "guitare-voix". C'était d'ailleurs important de veiller à cet équilibre. Mais cette fois-ci, il n'y a aucun calcul et les jouer ainsi en duo nous procure un véritable bonheur.
JEAN-CHRISTOPHE URBAIN - On prend tellement de plaisir à deux qu'on n'est pas sûrs de vouloir retourner dans une configuration de groupe. On n'a pas encore épuisé toutes les possibilités. Mais tout peut changer très vite. Il est possible que dans quatre mois, on estime avoir fait le tour de la question et qu'on reforme un véritable groupe.
Revenir après 14 ans d'interruption, c'était risqué.
JICE - On deviendra peut-être l'exemple de ce qu'il ne fallait pas faire, mais on n'a pas calculé un seul instant le bénéfice à tirer de cette reformation. On était juste en manque de l'énergie que procure la scène.
Vos projets solo n'offraient pas cette énergie?
JIPE - Nos carrières après la séparation avaient d'autres objectifs que remplir de grandes salles ou jouer dans des festivals comme les Francofolies. Durant 14 ans, on a emprunté d'autres chemins et on a vécu dans un circuit professionnel différent. C'était aussi très gratifiant et enrichissant.
La suite de l'interview dans le Moustique du 6 août 2014
"Pop en stock 100 % francophone"
Julien Doré a (re)montré la voie à suivre d'une musique francophone aux accents pop et populaires. Le retour des Innocents légitime l'obstination et la bonne santé d'une scène décomplexée. La preuve par quatre.
Hugo, le revenant
La nacelle , son plus gros tube, date déjà de 1997. Une époque où la pop francophone connaissait ses dernières heures dorées. "Je suis ravi du come-back des Innocents mais aussi de l'émergence de groupes comme Aline ou La Femme. Cela sonne le retour d'une scène pop francophone qui propose une démarche mélodique au contraire de la chanson française "Rive gauche" qui m'ennuie vraiment beaucoup." Avec trois albums en 18 ans, le chanteur avait disparu des radars. Mi-juillet, Hugo a défendu avec panache son récent "L'homme du soir", sur la scène des Francofolies de Spa. De retour en novembre au Botanique et en studio avec un nouvel album dès la rentrée 2015, le Nantais compte bien profiter du renouveau pop pour donner un nouveau souffle à sa carrière.
Un morceau à écouter: Vers l'Ouest.
Une date pour le voir: le 21/11 au Botanique (Bruxelles).
The Pirouettes, le glamour
Jeune couple à la scène et à la ville, The Pirouettes proposent un électro-pop travaillé, frais, dansant. S'inspirant ouvertement des Rita Mitsouko, France Gall ou Elli & Jacno, The Pirouettes parlent d'amours adolescentes, de carrière débutante et de soirées arrosées. C'est naïf et 100 % en français. Le groupe a attiré l'attention d'Etienne Daho, évidemment, qui les a invités sur scène. Rien que ça.
Un morceau à écouter: Dernier métro.
La Femme, la hype
La Femme cite Jacno et sonne comme Taxi Girl. A une musique synthétique aux sonorités 80's, La Femme y associe une esthétique hyper-travaillée. Les chouchous de la presse spécialisée et révélation 2014 aux Victoires de la musique. Les plus rock.
Un morceau à écouter: Nous étions deux.
François & The Atlas Mountains, la confirmation
Le groupe français, formé en Angleterre et signé sur un label anglais, brouille les pistes et mélange les genres. Leur dernier album "Piano Ombre" est un modèle de pop mélodique. Citant Talking Heads, Florent Marchet ou Dominique A, François & The Atlas Moutains réinventent la pop. Ils se sont imposés parmi les bons moments du festival de Dour 2014. Incontestablement au sommet.
Un morceau à écouter: La vérité.