
Le sexe et les ados: "Les jeunes ont une vision plus mécanique"

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L'affaire du collège Saint-Michel est-elle la partie visible de faits qui ont lieu dans toutes les écoles?
Vincent Pequignot - Non, mais ça peut arriver. Cela fait plus de 20 ans que je travaille avec des ados et en 20 ans, je crois que j’ai vu ça trois fois, dans d’autres circonstances, sans publicité comme à Saint-Michel.
Comment expliquer ce comportement de sexe en groupe?
V.P. - Dans le cas présent, on a affaire à un groupe de jeunes dans un contexte de retraite, souvent vécue de façon un peu festive chez les jeunes, et il y a quelque chose qui a dérapé. Il est difficile de définir si des facteurs favorables (style cannabis ou alcool) ont contribué à ce dérapage. Dans ce type de situation, on observe souvent un phénomène d’entraînement: un ou deux instigateurs principaux entraînent le groupe. Il est vraisemblable que la jeune fille avait pour sa part un profil de victime, même si on a dit qu’elle était consentante.
La sexualité des ados en 2014 est-elle différente de celle de leurs parents?
V.P. - Depuis une dizaine d’années, le comportement des jeunes par rapport à la sexualité est plus dur, plus violent. La principale raison, c'est Internet. Les jeunes ont une vision plus mécanique de la sexualité. Ils ne passent pas forcément à l’acte mais peut-être qu’ils s’adonnent à des jeux plus brutaux. La sexualité s’est démystifiée. On en parle plus facilement, même en famille.
Comment les ados se représentent-ils les relations sentimentales?
V.P. - Une chose frappante chez eux, c’est la dissociation complète entre relation et sexualité. Être avec quelqu’un ne veut pas forcément dire avoir des relations sexuelles. Il peut y avoir des relations passionnées sans sexe, par exemple sur Internet. Et d’un autre côté, des jeunes peuvent avoir des relations sexuelles sans être ensemble. Cette dissociation est une source de perturbation pour certains ados qui peuvent se sentir déboussolés, sans modèle de référence.
Sont-ils suffisamment informés?
V.P. - Il y a une réflexion à mener à ce niveau. Parce que avec Internet, les jeunes s’imaginent qu’ils savent tout des comportements sexuels. Mais il est clair que ce qu'ils découvrent par eux-mêmes n’est pas forcément ce qu’ils voient.