

Il y a Yann et Pierre, Bernard et Jacques, Thérèse, Elisabeth, Catherine, Christian... Ils sont homosexuels et ont tous plus de septante ans. Ce sont des petites gens, des "invisibles", que la caméra de Sébastien Lifshitz va pourtant nous faire apparaître en héros téméraires. Car derrière l'apparence de la vieillesse, ils se sont tous battus pour avoir le droit d'exister. D'être eux-mêmes. Sans militantisme, sans morale, Lifshitz nous donne à découvrir le quotidien et le trajet de vie de ces Français nés dans l'entre-deux-guerres.
Bardé d'humour et de légèreté, bien loin des clichés torse à poil des unes de Têtu et de la Gay Pride, voilà un splendide film sur le droit à la différence et le triomphe de l'amour.
Car s'il dresse avant tout de magnifiques portraits, Les invisibles est aussi un film sur la France de la seconde moitié du vingtième siècle: celle des combats féministes, de la révolution de Mai.
Mais aussi sur la France d'aujourd'hui, dans laquelle le débat sur l'homoparentalité et le droit au mariage pour tous fait encore rage. Et ce sont ces hommes et ces femmes, ces "invisibles" qui ont mis la question sur le tapis, qui sont montés aux barricades, qui ont payé de leur personne. Et il est tellement beau, dans cette période d'assouvissement, d'entendre le témoignage encore fort de ceux qui se sont battus.
Ce documentaire est une petite merveille. Non pas parce qu'il parle d'homosexualité en plein débat français. Non pas parce qu'il montre que l'on peut encore aimer à quatre fois vingt ans? Mais parce qu'il est un cri de joie, un film sur le besoin vital d'aimer et d'être aimé. Ou comme le chante si bien Biolay, sur cette possibilité que nous avons tous dans la vie "de nous rester fidèle". A voir absolument.
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Les invisibles de Sébastien Lifshitz - 115'.