
Les sorties cinéma du 20/5/2015

Loin de la foule déchaînée
Drame [3*]
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Héroïne de fiction imaginée par l’écrivain britannique Thomas Hardy en 1874, Bathsheba Everdeene est à la littérature anglaise ce qu’Emma Bovary est à la française. Une jeune aristocrate qui s’imagine indépendante et qui s’est juré de ne pas se marier à moins d’aimer vraiment. Tiraillée entre trois hommes (un fermier, un riche propriétaire terrien et un soldat) qui tour à tour éclairent différentes facettes de sa féminité, Bathsheba va apprendre ce qu’est l’amour. Classique de la littérature britannique, le roman de Thomas Hardy (1874) trouve une résonance particulière sous la caméra du danois Thomas Vinterberg, habitué des films psychologiquement violents (Festen, La Chasse).
Vinterberg surprend par son utilisation romantique de la puissance de la nature et de la campagne anglaise, sublimée par des plans à la David Lean pour exacerber les tourments sentimentaux de ses personnages. Etonnant de la part d’un des créateurs du Dogme 95, aux côtés de Lars von Trier. Même si on ne s'attache pas de la même manière aux trois hommes qui courtisent l'héritière anglaise, on reste saisi par certaines scènes, déchirantes de beauté (la tempête nocturne dans les foins, le repas en chanson, les scènes à cheval, le dénouement amoureux). Dans le rôle du fermier Oak, Matthias Schoenaerts est magnifique, à la fois retenu, incarné et émouvant. Et Carey Mulligan fait exister avec charme et vivacité un personnage féminin qui se perd dans sa quête d'indépendance. Du beau cinéma.
Réalisé par Thomas Vinterberg. Avec Carey Mulligan et Matthias Schoenaerts – 119’.
A la poursuite de demain
Aventure [2*]
Après avoir enchainé une belle triplette de dessins animés (Le géant de fer, Indestructibles et Ratatouille), Brad Bird persiste et signe dans le cinéma live. Il s’en était tiré avec les honneurs pour Mission: Impossible–Protocole Fantôme. Et récidive donc avec cette sorte de Matrix pour les spationautes en culottes courtes de 7 à 77 ans, teintée de philosophie Disney (l’amitié, l’écologie, la sauvegarde de la planète). Ici, l’aller simple vers le cosmos est réservé par Casey, ado douée d’une grande curiosité scientifique. Qui croise Frank (George Clooney), ex-inventeur de génie devenu aigri. Leur but: découvrir les secrets de la mystérieuse Tomorrowland, planète dite "paradisiaque", située quelque part dans le temps et l’espace… à moins qu’elle ne soit juste nichée dans nos imaginations.
Réalisé par Brad Bird. Avec Britt Robertson, George Clooney, Hugh Laurie – 130’.
Trois souvenirs de ma jeunesse
Drame [2*]
Paul Dédalus va quitter le Tadjikistan. Il se souvient de son enfance à Roubaix, des crises de folie de sa mère, de son frère Ivan, enfant à la fois pieux et violent… Et surtout, Paul se remémore Esther. Qui fut la grande histoire de sa vie. Desplechin (Rois et reine, Un conte de Noël, Comment je me suis disputé) part à la recherche du temps et des amours qui nous ont filé entre les doigts. Réussi.
Réalisé par Arnaud Desplechin. Avec Mathieu Amalric, Quentin Dolmaire, Lou Roy Lecollinet – 120’.
She’s funny that way
Comédie [2*]
On a craqué pour cette farce coquine, légère satire du showbiz, réalisée par un vétéran du Nouvel Hollywood (Peter Bogdanovich) et produite par la jeune garde du cinéma indépendant américain (Wes Anderson et Noah Baumbach). L'histoire rocambolesque d'une call-girl new-yorkaise (Imogen Poots) qui devient actrice grâce à metteur en scène (Owen Wilson) spécialiste en reconversion de putains. On pense à Woody Allen ou même Ernst Lubitsch (notamment à La folle ingénue avec Jennifer Jones) pour les quiproquos savoureux et les rapports hommes-femmes névrosés. A noter aussi: inattendue en psychiatre agressive, Jennifer Aniston est réjouissante.
Réalisé par Peter Bogdanovich. Avec Imogen Poots, Owen Wilson et Jennifer Aniston – 93’.