
Les sorties cinéma du 29 avril 2015

Nos femmes
Comédie [1*]
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Max (Richard Berry), collectionneur de disques, est très à cheval sur les principes. Simon (Thierry Lhermitte) est un coiffeur bling-bling atteint de jeunisme. Paul (Daniel Auteuil), rhumatologue pépère, a une épouse qui ne fait que roupiller. Ces trois-là, liés depuis 35 ans par les barbecues de plage et des rituels immuables, vont bien devoir évaluer le lien qui les unit lorsqu’un soir de poker, Simon déboule hagard, annonçant qu’il vient d’étrangler sa blonde. Entre cabotinage en roue libre et personnages féminins réduits à des archétypes (quelle ironie, ce titre!), on a souvent eu bien du mal à s’esclaffer… La faute, peut-être, à une énième comédie de boulevard qui aurait mieux fait de se cantonner à la scène?
Réalisé par Richard Berry. Avec Daniel Auteuil, Richard Berry, Thierry Lhermitte - 95’.
Charlie’s Country
Comédie dramatique [3*]
L’histoire de Charlie, un aborigène de la terre d’Arnhem au nord de l’Australie, est directement inspirée par la vie tumultueuse de son acteur principal, David Gulpilil (extraordinaire). C’est l’histoire d’un homme à part, qui souffre de voir sa culture ancestrale bafouée de jour en jour par "ces connards de Blancs". A la fois espiègle et désespéré, Charlie tente de survivre dans un monde qu’il ne comprend plus, se heurte à la police, fréquente la prison, les sans-abri des grandes villes, avant de trouver le moyen de revenir à sa terre. Son destin est à la fois une dénonciation de la tragédie des aborigènes d’Australie (dépossédés de leurs terres, souvent toxicomanes ou alcooliques) et une magnifique leçon de cinéma. Car ce qui touche dans le film de l’Australo-Néerlandais Rolf De Heer (10 Canoës), c’est le ton profondément drôle et émouvant avec lequel il parvient à ériger Charlie en figure universelle de la condition humaine. A découvrir.
Réalisé par Rolf De Heer. Avec David Gulpilil et Peter Djigirr - 108’.
Jamais de la vie
Drame social [2*]
Pierre Jolivet (Ma petite entreprise) retrouve le polar social avec notre Olivier Gourmet national, puissant et attachant dans le rôle de Franck, gardien de nuit dans un parking d’hypermarché de banlieue. Ancien syndicaliste, Franck s’emmerde tellement dans son boulot qu’il joue aux voitures téléguidées et picole la nuit, ce qui lui donne pourtant l’occasion d’observer une petite bande de malfrats. Et l’envie, soudain, de démonter leur escroquerie pour se rapprocher de valeurs oubliées.
Ne lâchant rien sur le combat social (le film évoque la crise des retraites, la misère socioprofessionnelle des banlieues, le désert affectif), Pierre Jolivet parvient à manœuvrer habilement les rênes du film noir - malgré quelques scènes un peu trop écrites. On s’attache fort à ce personnage abîmé par la vie (Gourmet, résigné et digne), à ses rencontres (Valérie Bonneton, délicieuse en possible nouvel amour). Mais surtout, on tient à saluer la démarche de Pierre Jolivet qui, malgré une vision très sombre de la société, parvient à remettre sur le devant de la scène les questions essentielles de justice sociale et de dignité. En ces temps troublés, c’est déjà beaucoup.
Réalisé par Pierre Jolivet. Avec Olivier Gourmet, Valérie Bonneton, Marc Zinga - 95’.
Le labyrinthe du silence
Drame historique [2*]
Un peu comme le récent The Imitation Game, voici un bon thriller historique sur fond de Seconde Guerre mondiale, à la fois populaire et de qualité. Premier film très maîtrisé d’un réalisateur allemand, il raconte l'histoire d'un jeune procureur (l’acteur Alexander Fehling beau comme Paul Newman et vu dans Inglourious Basterds) qui va se heurter à la mémoire refoulée de l'Allemagne nazie avant de parvenir à briser le silence qui entoure à la fois bourreaux et victimes. A la recherche des criminels de guerre, le jeune homme perdra ses illusions, découvrira l’amour mais aussi le sens de l'histoire, jusqu’à la mise en place du procès d'Auschwitz en 1963. Du beau travail, un brin classique.
Réalisé par Giulio Ricciarelli. Avec Alexander Fehling, Friederike Becht - 123’.
Jimi: All Is By My Side
Biopic [1*]
On connaissait le beurre sans graisse et le soda sans sucre, voilà le biopic musical sans musique! Ce film retrace les débuts de Jimi Hendrix dans les années soixante. Mais très prometteur sur le papier, le projet souffre de deux défauts majeurs. Tout d’abord, un scénario balourd uniquement centré sur le début de carrière de la légende. Ensuite, les gestionnaires des droits d’auteur de Hendrix n’ayant pas concédé la moindre minute de musique, les quelques séquences musicales s'avèrent tout simplement ridicules. Consolation: habité par un excellent André 3000 (pilier du groupe OutKast), ce film donne immédiatement envie de se replonger dans la discographie du grand Jimi. On se console comme on peut.
Réalisé par John Ridley. Avec André Benjamin, Imogen Poots, Hayley Atwell - 118’.
Ouija
Horreur [1*]
Usine à clichés, ce Ouija est donc le typique produit torché pour ados américains éructant des "Oh my God!" entre deux gavages de pop-corn. On suit l’équipée de prépubères qui enquêtent façon Club des cinq sur les circonstances de la disparition forcément atroce d'une de leurs proches. Et qui vont bien entendu découvrir qu’ils pourraient bien être les suivants sur la liste… Investissement minimal (5 millions de dollars) pour rendement maximal (il en a rapporté dix fois plus aux Etats-Unis où il est déjà sorti), ce long métrage sauve sa peau par quelques séquences horrifiques bien senties.
Réalisé par Stiles White. Avec Olivia Cooke, Ana Coto, Daren Kagasoff -90’.
Good Kill
Drame [1*]
Il ne suffit pas qu’un film pose les bonnes questions pour se muer en réussite!Le commandant Tommy Egan, pilote de drone, combat les talibans derrière son joystick, depuis sa base américaine. De retour chez lui, il passe l’autre moitié de la journée à noyer sa déprime dans de l’alcool bon marché. Si la réalisation est fluide et Ethan Hawke excellent dans le barbouze sous Prozac, le film dégage cependant un sentiment d’inachevé. Bref, Good Kill peut servir à déclencher un débat passionnant. Sans plus...
Réalisé par Andrew Niccol. Avec Ethan Hawke, Bruce Greenwood, Zoé Kravitz -102’.