
L’évènement mode de la semaine : Martin Margiela pour H&M

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Au programme, du luxe à petits prix (ou presque) et des pièces exclusives, garantissant comme toujours une grande attente de la part du public. À Bruxelles, et dès 7 h (soit deux heures avant l’ouverture), les clients pouvaient obtenir un bracelet déterminant le moment où ils auraient accès au carré VIP situé au fond du magasin.
En effet, chez H&M tout est réglé comme du papier à musique : chacun a droit à dix minutes dans la zone consacrée à Martin Margiela (délimitée par des barrières, un vigile qui veille au grain et un cordon de sécurité), essayages compris. Il n’est donc pas étonnant de voir les shopping addicts élaborer des stratégies et reprendre plusieurs bracelets d’affilée afin de retourner dans l’espace du bonheur dix minutes supplémentaires.
C’est le cas de Florence et Adèle qui ont pris un laissez-passer dès l’aube et sont revenues sur le coup de midi, pendant leur pause au boulot. Pour une rentabilisation optimale de ce court instant, la plupart des clients, habitués du système, ont repéré les pièces qui les intéressaient sur Internet. Pour Julia et son mari Didier, « savoir ce que l’on veut avant d’arriver en magasin, ça permet d’éviter de se disperser. On s’en tient à ce qui était prévu, en accord avec le budget qu’on s’est fixés. »
Dans le magasin, je remarque que le public est différent (comprenez plus « stylé ») de celui que j’ai l’habitude de rencontrer dans un H&M. Lisa, responsable com ‘ de l’évènement l’a également observé : « Je pense qu’il y a deux publics dans le cas de chaque collection : Les personnes qui désirent posséder une pièce de créateur à un prix réduit afin de se sentir en vogue, et celles qui veulent acquérir une pièce de ce créateur particulier car elles apprécient son travail et retrouvent la qualité des coupes et des matières. Avec Martin Margiela, on touche davantage le second public car son concept du vêtement est plus pointu » Florence (toujours accompagnée d’Adèle) fait partie de ce public de connaisseurs : « Quand on a su que c’était Martin Margiela cette année, on a été surprises et contentes. On aime ce créateur et c’est pour cela qu’on s’est déplacées. Pour la collection Versace l’automne dernier, je n’étais pas venue car ce n’est pas ma tasse de thé. »
En parlant chiffons, Lisa m’apprend qu’il y a un stock limité dans l’enceinte du magasin afin de maintenir le caractère exclusif de la collection. Selon elle, c’est justement ce sentiment d’urgence et de chance unique qui suscite l’intérêt des modeux et amène beaucoup de curieux.
Après avoir lorgné sur tous les clients ressortant avec un sachet blanc griffé, à mon tour d’avoir accès à mes dix minutes de privilège. Lisa me prévient : « Certaines pièces fortes comme le blazer noir et le jeans sont déjà épuisées. Les accessoires sont également très prisés du public et les chaussures à talons en plexiglas seront définitivement le hit de cette collection. » Je parcoure les quelques penderies, doute singulièrement de la portabilité de certains modèles (comme ce manteau blanc doudoune extra-long asymétrique) et fantasme sur la robe en similicuir. J’essaye les fameuses échasses « nude » (à 199 € quand même), m’extasie, pense à l’état de mon compte en banque d’étudiante, et m’extasie beaucoup moins. C’est la mort dans l’âme et la larme à l’œil (j’exagère à peine), que je les replace en exposition.
C’est le jeu, près de deux fois par an ; prévoir un budget et une organisation, ou passer son tour et revenir pour la « coollab’ » suivante en sachant qu’il n’y aura pas deux fois la même offre. À qui le tour après Martin, Stella, Karl, ou encore Sonia? Les paris sont lancés.
Dans cette collection : de l’oversized, du drapé, du trompe-l’œil, du déstructuré, et du cuir, le tout dans une palette de couleurs mêlant nude, noir, gris, bleu ou rouge. Au rayon accessoires : des sacs « mains », des pochettes « bonbons », des bracelets « menottes », des colliers « cheveux » ou des chaussures mélangeant cuir et plexi. Portable et décalé.