

Spectacle peu usuel ce samedi soir au Botanique. Une queue, on parle d'une vraie queue où les gens attendent poliment les uns derrière les autres en file indienne sans essayer de resquiller s'étend sur pratiquement tout le couloir.
Il est 20H15 et c'est pour le concert de Lou Doillon qui vient de débuter. Le public est courtois, plutôt chic et endimanché façon place du Chatelain. La soirée est complète, même archi-complète. Elle va être très courte (70 minutes rappel compris) mais d'une rare intensité. Pour sa cinquième prestation officielle en live, Lou va fait preuve en effet d'une grande maîtrise et d'un naturel scénique à milles lieues de la retenue affichée par sa demi-sœur Charlotte.
Parfaitement dans son élément, elle parle -en français- d'une voix douce à l'assistance, chante dans un anglais impeccable , fait comme si tout le monde se connaissait (c'est vrai dans un sens, mais pas dans l'autre), adopte une gestuelle gracieuse et impose un timbre qui donne des frissons. Physiquement, elle évoque un croisement entre la Jane Birkin des années érotiques et la Patti Smith de "Horses".
Bien entourée par un groupe de mecs, elle donne des versions finalement très chaleureuses de son premier album "Places" et de distingue par le choix de ses reprises. Une relecture folk d'"une chanson que vous devez tous connaître sinon il y a un problème (le Should I Stay Or Should I Go de The Clash) une autre avec l'orgue en avant du standard Fever popularisé par Peggy Lee.
Au bout de ce plaisir unanimement partagé, il y a déjà beaucoup de confirmations. Oui Lou Doillon a signé avec "Traces" un des disques de l'année. Oui, en passant d'un tendreet folky Make a sound dédié à mamanà un Places électrisant ou à un addictif Addiction (sa toute première composition) interprété toute seule à la guitare, Lou a montré qu'elle évoluait dans un registre à la fois souple et varié.
Oui, elle est faite pour ça. Oui, ce sera l'événement des Nuits. Oui, on pourra dire qu'on avait déjà écrit ça avant tout le monde l'été dernier.