Mad Max, Itinéraire d’un Mad Man

Il était médecin urgentiste avant d'être cinéaste. Réalisateur des quatre Mad Max, George Miller tranche toujours dans le vif et filme exactement là où ça fait mal. Portrait et rencontre.

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Tout est dans tout! La cultissime saga Mad Max, où les accidents et autres poursuites sont presque plus emblématiques que les acteurs, sort du cerveau fécond d’un médecin urgentiste spécialisé dans… les accidents de la route! Car George Miller a eu deux vies. Toubib passé expert dans les désincarcérations et la remise sur pied ("Quand c’était possible!") de conducteurs ayant confondu zone 30 et 500 Miles d’Indianapolis, le "Doc" prend un virage radical en 1971. Avec Byron Kennedy, jeune cinéaste amateur tombé depuis dans l’anonymat, il produit un court métrage qui sera largement primé dans les festivals: Violence In The Cinema. Encouragé par ce succès d’estime, il se lance dans le septième art. "Le quotidien de l’hôpital me déprimait", répétera-t-il souvent.

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Premier essai et coup de maître en 1980: Mad Max est le premier film d’une série qui va, à tout jamais, bouleverser le genre postapocalyptique. Si le temps a fait son œuvre et que le premier chapitre a inévitablement vieilli, celui-ci témoigne toujours des brillantes observations de son auteur face aux effets du choc pétrolier de 1973. Nous voilà donc balancés dans un futur proche. Les hommes et les grandes nations entrent en guerre. Max Rockatansky, jeune flic qui ne restera pas idéaliste bien longtemps, va croiser et combattre les premiers pirates de la route. Cette douloureuse confrontation lui vaudra de perdre femme et enfant...

Longtemps dénigré et fustigé pour sa violence, Mad Max mettra surtout en évidence la virtuosité d’un réalisateur à l’époque débutant! Qui, au travers d’une histoire somme toute assez banale, reprend les codes du western et filme, avec un mélange de fluidité et de froideur, une vengeance du genre grosse boucherie. Côté chiffres, on est aussi dans les grosses coupures. Tourné avec un budget de 350.000 petits dollars, Mad Max a longtemps été le film le plus rentable de l’histoire: près de 100 millions de dollars de recettes. Il n’a été détrôné qu’en 2000 par un certain Projet Blair Witch.

Need For Speed

En revanche, George Miller sera longtemps accusé d’avoir voulu faire l’apologie de la loi du talion. Alors qu’il désirait simplement mettre en évidence les dérives d’un monde privé de tous codes moraux. "Dans mes films, je cherche à recréer l'énergie que dégage l'impact d’un accident de voiture. Nous vivons dans le culte de la vitesse. Elle fait partie de notre quotidien. Un film comme Mad Max possède une fonction importante: il nous permet de faire face à nos angoisses. Et peut-être même de nous en défaire."

En plus d’être le tout premier film de George Miller, Mad Max pose les bases de ce qui allait devenir une des trilogies les plus marquantes du cinéma d’anticipation. Après ce premier chapitre, Mad Max 2 (1982) et Mad Max: Au-delà du dôme du tonnerre (1985, avec Tina Turner dans sa cotte de maille so eighties) plongent le héros dans un désert ravagé par une guerre nucléaire, accentuant le sentiment postapocalyptique de la série. Ensuite, Miller ne renonce pas au cinéma. Signant des farces pour enfants (Babe, les dessins animés Happy Feet) et d’aimables aventures gentillettes (Les sorcières d’Eastwick, Robinson Crusoé). Mais son ADN reste à jamais marqué par Mad Max. Un quatrième chapitre devait d’ailleurs être tourné en 2002. Mais, suite à la chute du dollar américain en pleine guerre irakienne, ce projet n’a pas vu le jour.

Et puis, treize ans plus tard, voilà enfin ce quatrième volet, Mad Max: Fury Road. Un titre qui sent bon la baston, l’essence frelatée et le pied au plancher. Si Mel Gibson a cédé le relais à Tom Hardy sous les traits de ce bon vieux Max la Menace, Miller, lui, est toujours aux commandes.

Sur la route

Mad Max: Fury Road (Action)

Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Mais il finit tout de même par se retrouver enrôlé dans une bande parcourant le désert à bord d’un véhicule militaire piloté par l’Impératrice Furiosa. Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortal Joe. Celui-ci s’est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles. Et bardaf, c'est l'embardée!

Hélas, et c’est devenu une (triste) tradition: pas moyen de voir les films stars de Cannes suffisamment avant leur projection sur la Croisette pour pouvoir vous les présenter en totale connaissance de cause! Et ce Mad Max n’échappe pas à la règle. Mais les bandes-annonces savamment distillées sur le web annoncent une déferlante de poursuites, de bastons et de véhicules en tout genre. Le tout dans une esthétique à mi-chemin entre années 80 et génération 2.0. Preuve que les producteurs croient à ce revival: ils n’ont pas attendu les chiffres du box-office pour annoncer les deux prochains épisodes de la saga. Bref, c'est reparti, les prochaines années ciné devraient compter un max de Max!

Réalisé par George Miller. Avec Tom Hardy, Charlize Theron, Zoë Kravitz - 120’.

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