
The Moody Blues - Nights In White Satin (1967)

Penchons-nous sur l’un des slows les plus langoureux de l’histoire du rock. Ou comment le hasard a décidé de toute la carrière d’un groupe.
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Nous sommes en 1966. Cela fait un an que le jeune et anonyme Justin Hayward compose dans son coin. Un jour, il découvre une petite annonce: Eric Burdon, leader des Animals, cherche un nouveau guitariste. Sa candidature n’est pas retenue, mais Burdon transmet toutes les réponses reçues à Ray Thomas. Ses Moody Blues viennent de perdre Denny Laine (on le retrouve quelques années plus tard au sein des Wings de Paul McCartney). Ray Thomas met tous les noms dans un chapeau et tire au sort. Et bien sûr, le nom de Justin Hayward sort.
Les Moody Blues préparent leur deuxième album. "Days Of Future Passed" sera un concept album qui racontera en sept chansons la journée d’un homme. Et il sera écrit à Mouscron. Je vous jure que ce n’est pas une blague. "A l’époque, je ne possédais quasiment rien, a raconté Justin Hayward. Mais j’avais une paire de draps de satin blanc qu'une copine m'avait donnés. Le genre de truc totalement inutile, surtout si tu as une barbe de deux jours. Ça gratte. Mais bon, c’était romantique. Et moi, j’étais dans une drôle de période. Une histoire d’amour se terminait, une autre était en train de commencer. Nights In White Satin était le bon titre avec un double sens intentionnel." "Nights In White Satin" peut en effet être entendu comme "nuits en satin blanc" mais aussi comme "chevaliers en satin blanc" (knights avec son "k" muet). Un clin d’œil que l’on retrouve d’ailleurs sur la pochette: le dessin d’un petit chevalier en bas à gauche.
La première impression, lorsqu’on se penche sur le texte, c’est que le type est complètement déboussolé. "Des lettres que j'ai rédigées mais jamais envoyées... Où est la vérité, je n’en sais plus rien… Je regarde les gens, certains, main dans la main, ce que je traverse, ils peuvent le comprendre. Ce que tu veux être, tu le seras à la fin…" chante notre triste garçon, marchant sur un fil entre son ancien et son nouvel amour. C’est à peu près tout pour les couplets. Faut faire avec.
Si on replace la chanson dans le contexte de l’album (la journée d’un homme), il faut pousser plus loin. Métaphoriquement, la journée symbolise sa vie de mortel et, naturellement, la nuit représente la mort. Il n’est donc pas illogique que, dans la chanson, on rencontre un gisant posé sur des draps de satin. Cette interprétation donne du sens au poème qui, sur l’album, clôt la chanson. Late Lament, écrit par le batteur Graeme Edge, c'est trois stances nostalgiques sur la fin des choses et la confusion dans laquelle l’agonie est vécue, notamment les couleurs qui se mélangent. Mmmmais… suis-je bête! Nous sommes à une époque où on ne buvait pas que de l’eau, où on ne fumait pas que du tabac et où on ne mettait pas de l’acide que dans les batteries de voitures.
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