

"Il n'y a pas de mot"… Depuis ce mercredi, c'est la seule chose sensée à dire, puisqu'il n'existe pas de vraie consolation. Les peines ne se partagent pas, elles s'additionnent. Mais même quand les mots manquent, ils ne sont jamais en trop. Surtout pas dans les médias. Nous sommes là pour faire circuler l'information, l'émotion aussi, particulièrement quand cette émotion est unanime. Mais comment pourrait-il en être autrement après un drame d'une violence totale, inacceptable, incompréhensible.
"Un petit quelque chose a provoqué une grande catastrophe", résumait un spécialiste des autocars. L'accident de Sierre semble appartenir à cette part irréductible du destin, d'autant plus terrible qu'elle ne peut pas être plus proche, donc plus menaçante. En cette période, tous nous connaissons des gosses qui viennent de rentrer ou s'apprêtent à partir en car. Tous, nous nous sommes rongé les sangs en attendant ce message "bien arrivé". Et nous pouvons imaginer la douleur qui vous submerge quand il ne vient pas.
Six adultes sont morts dont les familles méritent également notre attention. Mais la disparition de vingt-deux enfants d'une douzaine d'années cause l'effroi. Heureusement. C'est le signe que, dans notre société toujours plus cynique, des vies sont encore sacrées. Peut-être même que des êtres innocents, sans défense mais porteurs d'avenir nous paraissent plus que jamais irremplaçables. Sans eux, le monde devient plus absurde pour nous à qui il reste si peu d'innocence, de protection et d'avenir. Les larmes dans les yeux de parents, mais aussi d'anonymes, de sauveteurs, de médecins, d'hommes et de femmes politiques, de prêtres, d'une famille royale, de journalistes aussi, elles sont la preuve que, malgré l'horreur, notre solidarité survit.
De la tragédie du Valais, on tirera sans doute quelques précautions supplémentaires pour un transport en car déjà dix fois plus sûr que la voiture. Ce sera une bonne chose. Mais le plus rassurant est ailleurs. Au milieu de cette tôle fracassée, on a retrouvé une humanité sans calcul, sans barrière. On ne pouvait espérer hommage plus bouleversant aux vies perdues et à la vie qui reste.
En librairie dès ce lundi 19 mars: Moustique avec 20 pages sur le drame de Sierre.
Jean-Luc Cambier