
Moustiques d'Or: Rencontre avec Sébastien Nollevaux

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Une belle maison dans une discrète rue de Laeken. Garée devant, une grosse Kia blanche se donne des airs de 4x4. "Soyons clair, ça y ressemble mais ce n'est pas un de ces monstres pollueurs" désamorce d'entrée Sébastien Nollevaux. La précision s'impose quand on incarne depuis deux ans un magazine branché défense du consommateur, environnement et modèle sociétal responsable. "Mobilité oblige, je vais d'ailleurs travailler en scooter", précise l'animateur d'On n'est pas des pigeons. C'est la première fois qu'ilaccepte un entretien à domicile avec photographe. "Ma femme et moi n'aimons pas les incursions dans notre vie privée". Sans doute la seule réserve de ce gaillard de 38 ans au tempérament très ouvert. Et entier. En bon Ardennais revendiqué.
Bruxellois d'adoption, vous êtes originaire de Gedinne. Qu'avez-vous encore d'Ardennais?
Sébastien Nollevaux - Tout! Je suis un Ardennais qui vit à la capitale parce que j'y travaille et que j'y ai ma maison. Mais je suis Ardennais avant d'être citoyen belge ou du monde. Tout ce qui est important dans ma vie est là-bas du côté de Gedinne... Mes parents, ma tante, mes potes, mon banquier, mon assureur.... Par exemple, mes deux enfants sont nés à Bruxelles mais j'ai absolument tenu à placer en permanence à côté de leur berceau la photo d'une vache que j'ai prise moi-même dans un champ derrière chez mes parents. Autre symptôme, je fonds à la vue d'un tracteur de la voirie dans mon quartier. Je m'arrête pour le regarder et écouter le bruit de son moteur. Un tracteur, y a rien de plus beau! Pour aller au boulot, je troquerais volontiers mon scooter contre un tracteur. Mais je ne pense pas qu'on me laisserait rentrer dans le parking de la RTBF (rire).
Depuis que vous habitez Bruxelles, votre look a viré plus B.C.B.G.?
Aarghh, c'est quand même pas l'image que je donne, j'espère?! Je suis en baskets tous les jours. Et en costard à la télé, je fais plutôt croque-mort. Certes, j'ai eu ma période exubérante, chemise à fleurs ou motifs originaux, mais de là à passer pour un m'as-tu-vu. Ceux qui me connaissent savent que B.C.B.G., c'est vraiment pas moi.
C'était comment l'enfance de Sébastien Nollevaux?
Très casse-cou, le cul vissé sur mon vélo. A 10 ans, on m'a offert un compteur kilométrique pour ma bécane de course. Après trois jours, il affichait 100 kilomètres alors qu'il n'y avait que trois rues dans mon village! On faisait des courses ou des virées des jours entiers à vélo dans les bois... Je connais par cœur ma région pour l'avoir écumée de long en large. J'ai eu aussi un vélo BMX. Un mœllon, une planche de bois et hop!, on faisait des tremplins. Je suis couvert de cicatrices. Je suis resté casse-cou, au ski notamment. L'enfance, c'était le pied.
Sauf à l'école. C'est pas bien pour un fils d'instituteurs?
Oui. Dès le départ, j'ai été non compatible. Et turbulent. En prégardienne déjà, je voulais me tirer rapido. J'en ai quand même pris pour 20 ans mais comme études supérieures, j'ai choisi le plus court: un graduat de trois ans. La question "quand est-ce qu'on se barre?" a conditionné ma vie scolaire.
Ce qui ne vous empêche pas d'être aujourd'hui doublement chouchou des Moustiques d'or?
Ça m'impressionne autant que cela me met mal à l'aise. C'est une reconnaissance du boulot mais en même temps, je suis à l'écran comme je suis à la ville. Je ne vois donc pas en quoi je mérite cet honneur... Que des milliers de gens aient cliqué sur ma tronche, je trouve ça bizarre. En revanche, pour l'émission et l'équipe, c'est génial et mérité.
Pourquoi On n'est pas des pigeons, émission d'avant-soirée, a-t-elle réussi là où d'autres avaient échoué à redresser cette tranche horaire sinistrée?
C'est vrai qu'on venait de loin. On a même essayé Benny Hill à un moment... Les Pigeons se sont imposés grâce à deux ingrédients: le style décontracté et son franc-parler, devenu tellement rare en télé. On est dans l'info et on appelle un chat un chat. On est dans le domaine de la conso et on y va. La crise aidant, on est la bonne émission au bon moment, à la bonne place, sur la bonne chaîne. Si on ne prend pas les gens par la main pour leur dire de se réveiller et de réagir, ils continueront à faire n'importe quoi et à consommer n'importe comment. C'est un combat sociétal.
Quand, dans votre vie personnelle, vous êtes-vous trouvé le plus "pigeon"?
Pff, tout le temps. Et ça m'énerve. Même animateur de cette émission-là, je continue à me faire avoir, à me faire influencer. Il faut vérifier tout le temps. On va manger chez Ikea, on croit que les boissons du menu enfants sont comprises dans le prix, et à la caisse on s'aperçoit que non. Fini Ikea! En plus, il paraît que maintenant il y a de la viande dans les boulettes et de la merde dans les tartes... Autre exemple, le sport. Depuis quatre mois, impossible d'en faire faute de temps. Là où je suis "pigeon", c'est que je paie un abonnement cher et vilain à une salle de sports où je ne mets plus un pied. Ma femme est moi essayons d'être plus vigilants qu'avant. Mais le cordonnier reste parfois le plus mal chaussé.
La défense du consommateur, c'est un rôle de composition pour vous, non?
Sincèrement, oui. Je suis arrivé par hasard sur cette émission. En 2011, je présentais le 13 heures et dans la refonte de l'info, on m'a dit "Nollevaux, tu vas aller présenter une nouvelle émission qui s'appellera On n'est pas des pigeons". J'étais perplexe. J'ai aussi tiqué sur le titre. Pour porter un tel nom, il faut une prime de risques (rire). Ça n'a pas loupé, deux ans après, tout le monde nous appelle "les pigeons"...
En matière de conso, vous avez dû vous mettre à niveau?
Disons qu'au début, c'était pas mon trip. Mais on se prend au jeu. D'autant que je travaille d'une manière particulière: les chroniqueurs bossent puis me donnent leurs textes... que je ne lis pas. Sauf le thème. Ça me permet de rester vierge et de poser en direct, avec la fraîcheur du naïf, les questions que se posent les téléspectateurs.
La bonne planque!
Une super-bonne planque! (Rire.) Je suis payé pour faire ce que fait le téléspectateur lambda dans son canapé. Les autres bossent, moi je joue le naïf. Et j'empoche le Moustique d'or! Elle est pas belle, la vie?
Y a-t-il des chroniqueurs qu'il faut plus freiner?
On se connaît tous très bien. On est vraiment une "bande de copains" et cela se sent. Dans l'émission, on joue tous des rôles bien définis. Certains sont plus enclins à monter aux barricades. D'autres, dont moi, jouent plus la modération. A l'arrivée, le public fait la balance entre tout ce qu'il a entendu.
On vous décrit "efficace", "sympathique", c'est juste?
Efficace... oui. J'ai toujours travaillé à l'info dans le "hot news" en urgence où j'ai appris à prendre rapidement des décisions. Je pense être efficace sur le fond et sympathique dans la forme. Et franc dans mes rapports humains.
Côté défauts, on nous a dit: "Le matin, il se traîne, il se plaint toujours d'être crevé, que ça va pas". Qu'avez-vous à dire pour votre défense?
Les mouchards! Alors... Je ne me traîne pas, j'en donne l'impression. L'Ardennais est diesel. Lent au démarrage, mais quand c'est parti, ça ne s'arrête pas. Oui, chaque matin, je suis plaintif, je dis que je suis crevé, que je veux des vacances... Mais c'est vrai car j'ai des insomnies et qu'avec les quotidiennes en radio et en télé, j'ai des journées de débile. Mon naturel plaintif ne date pas d'aujourd'hui. Je suis né en bâillant et j'espère que je vais mourir dans mon sommeil. Ce serait l'apothéose.
On vous dit aussi impatient?
Tout dépend du contexte. Pour des achats, je ne sais pas attendre. Les chaussures - ma passion -, il me les faut le plus vite possible. Et ma dernière voiture, je ne l'ai pas choisie sur catalogue mais dans un stock pour l'avoir dans la semaine. Côté boulot, je ne supporte pas non plus les retards ou de faire les choses à la place d'autres personnes moins rapides. Mais globalement, je suis zen car je contiens bien l'énervement. Je pique rarement des colères. Et dans ce cas, il y a un signal physique avant-coureur infaillible: mes narines se dilatent. Cela signifie: dégage ou ça va péter.
Il paraît aussi que vous chambrez en permanence votre comparse Michaël Miraglia. C'est votre souffre-douleur?
Ça, c'est trop facile de me faire passer pour le méchant. Sachez que Michaël fait tout pour qu'on le chambre. Aller faire un duo au piano avec Megan Giart (candidate de The Voice)... A-t-on idée! (La vidéo du duo) Il le cherche, non? Michaël et moi on pourrait s'inscrire au festival de Rochefort. On a de quoi monter un show. On aime déconner pour déconner.
Il a aussi perpétué la mode que vous aviez lancée des chemises les plus folles?
C'est vrai, j'ai eu ma période. Plus c'était flash, plus c'était fun, plus c'était improbable, plus cela avait de chances de finir à l'antenne. Miraglia a pris le relais. En tout cas sur ses chemises, je ne le raille jamais. J'ai fait pire.
Il y a aussi votre lourd dossier "chaussures". Vous accumulez les paires que parfois vous ne portez pas?
C'est vrai, je collectionne les chaussures. Cela m'a pris quand j'ai commencé à travailler à Bruxelles. En fait, je n'aime pas porter les chaussures de monsieur Tout-le-Monde ou achetées dans des grandes chaînes. J'ai des boutiques bien précises ou je commande des marques américaines peu connues via Internet... Depuis deux ans, je suis très baskets Adidas plutôt vintage et colorées. Mais j'achète aussi des pompes classiques. Les dernières, ce sont des Strelli. Mais je n'ai pas encore trouvé les fringues qui vont avec. Donc je ne les mets pas.
Vous avez présenté le 13 heures. Si l'occasion de succéder à François De Brigode au Journal de 19h30 se présentait, vous iriez?
... Dans ma carrière, on est chaque fois venu me chercher. Mais le JT n'est pas ou plus une envie. J'ai trouvé mon bonheur et affirmé mon style qui est la décontraction, moins compatible avec un JT formaté où le balai dans le derrière est assez répandu.
On n'est pas des pigeons
du Lundi au vendredi sur La Une à 18H30 et en radio sur Vivacité à 11H00