
Mud, sur les rives du Mississippi

Et si les antihéros de Shotgun Stories et Take Shelter semblaient fermer la page de l’ancien monde et de ses illusions, Mud, nouvelle réalisation, plus optimiste et naïve, entend transmettre à la génération suivante certaines valeurs séculaires de ce monde perdu. Comme l’amour fou et sans condition.
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Mais au fond qui est Mud? Qui est ce type qui distille à deux gamins dans sa petite île du Mississippi des conseils cool sur l’art de vivre et joue les pères intermittents avec ses histoires romanesques propres à faire oublier à Ellis que son paternel à lui est un lâche et que le tonton immature de son pote Neckbone ne vaut pas franchement mieux? Un clochard? Un bandit des grands chemins? Un illuminé? Un Roméo paumé?
Neckbone et Ellis n’en savent rien, mais ils choisissent de lui faire confiance. A l’instar de ce bateau perché au-dessus des arbres qu’ils ont découvert un jour d’école buissonnière, Mud apparaît à leurs yeux comme une fenêtre ouverte sur l’aventure et l’amour. Joué par un époustouflant Matthew McConaughey, Mud est un conte magique sur le passage à l’âge adulte, la rencontre inespérée entre l’écrivain Mark Twain et Steven Spielberg qui auraient enfanté une nouvelle bible commune d’apprentissage.
Un voyage passionnant à travers ce qui reste de l’Amérique des pionniers et de sa relation sauvage, organique, à la nature. Il y a du Malick, du Stand By Me ou encore de La nuit du chasseur dans ce film. Loin d’être écrasantes, ces imposantes références articulent la colonne vertébrale d’un intense récit amoureux teinté de thriller.
Après avoir dressé l’état des lieux mélancolique et pessimiste de son pays en deux films superbes, Nichols clôt sa trilogie avec un conte adolescent fantastique qui a la puissance infinie du rêve, l’idée qu’en point de mire se dessine peut-être le vrai Nouveau Monde.
> MUD, réalisé par Jeff Nichols. Avec Matthew McConaughey, Tye Sheridan, Jacob Lofland - 130’.