
New B, la banque qu'on attendait?

Notre témoin
Bernard Bayot est directeur du Réseau Financement Alternatif, il est aussi le président de New B, la coopérative bancaire qui fait parler d'elle.
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Quel est le concept de la future banque New B?
Bernard Bayot - Cela part d'un double constat suite à la crise financière de 2008. D'une part, il semblait plus que nécessaire de réguler le secteur bancaire, l'Union Européenne l'a fait en partie et il faut aller plus loin. D'autre part, ce n'est pas le tout d'avoir un bon code de la route, il faut également de bons conducteurs… Dans les années 80-90, il y avait des banques publiques, des coopératives qui occupaient une grande place sur le marché belge. Aujourd'hui, il n'y a plus d'acteur significatif qui poursuive des objectifs d’intérêt général. A cet égard, la Belgique est une exception européenne. New B veut être cet acteur manquant.
Sur quelles valeurs repose le projet New B?
D'abord, s'en tenir au métier de base de la banque: recueillir des dépôts et donner des crédits sans spéculer sur les marchés financiers. Ensuite, cette banque sera locale, fonctionnera sur le marché belge, en coopérative et appartiendra à ses clients. Ce sont eux qui lui donneront ses orientations et qui en percevront les bénéfices. Enfin, elle se veut durable: les crédits seront accordés sur le double critère de la viabilité économique et de l'impact social et environnemental.
Comment prendre des décisions lorsqu’on est plus de 30.000 décideurs?
Il est évident que ce ne sont pas les 30.000 coopérateurs qui prendront les décisions, dossier de crédit par dossier de crédit. Ce sera comme dans une démocratie politique: chaque année, les coopérateurs détermineront les grandes orientations. Par exemple: 15 % des dépôts affectés à des crédits de développement d'infrastructures publiques ou des hôpitaux, 10 % à l’éolien, 15 % dans la culture, etc. Le management aura en charge d'appliquer ces orientations et rendre des comptes à l'Assemblée générale des coopérateurs. Un peu comme un gouvernement rend des comptes à un parlement.
Quelle est la différence avec Triodos, la banque durable?
D'abord, Triodos est une société anonyme et c'est une banque néerlandaise. Grande différence également, nous sommes très liés avec la société civile. Actuellement, 61 organisations sont membres de la coopérative, représentant toutes les composantes de la société belge, toutes les couleurs philosophiques du Nord et du Sud… Et puis surtout, nous - et ce n'est pas une critique de Triodos - nous avons vocation à être un gros acteur de référence sur le marché belge, donc une banque importante. Triodos est une banque de niche, nous pas.
Les services à la clientèle seront-ils les mêmes que ceux des grandes banques?
Tout à fait, à une grosse exception près. Si notre interface Internet possédera les mêmes fonctionnalités que celle des banques classiques, nous ne disposerons pas d'agences en dur. Par contre, nous aurons des "guichetiers volants" qui se rendront chez des particuliers ou dans des associations, des entreprises ou des organismes, à leur demande. Pour les dépôts en espèces, nous planchons sur le problème. Il nous faudra trouver une solution innovante.
Vous êtes banquier?
Non… Je suis juriste, j'ai fait 15 années au barreau de Bruxelles comme avocat. Depuis 2000, je travaille au Réseau Financement Alternatif, une association qui vise à promouvoir une finance plus responsable.
Combien gagnez-vous?
Ah, bonne question. Je prends ma fiche de salaire… C'est le mois de février, voilà. J'ai un salaire net de 2.661 € par mois.
La personne à la tête de la future banque New B touchera combien?
On paiera ce qu'il faut pour avoir une personne ayant les compétences nécessaires et ce ne sera pas forcement moi… Mais ce qui est certain, c'est qu'elle ne touchera pas de bonus et qu'elle ne sera pas payée plus de cinq fois le plus petit salaire de la banque.
Dossier complet sur les banques dans le Moustique du 10 avril.
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