Nicolas Winding Refn: "Avec Ryan, notre collaboration est loin d'être finie..."

Né à Copenhague en 1970 mais élevé à New York ("J'ai donc une mentalité tout à fait américaine même si je suis plus de sensibilité européenne"), Nicolas Winding Refn évoque pour nous le succès de Drive, sa relation avec Ryan Gosling, et son envie de se tenir bien à l'écart, lui aussi, des grosses productions d'Hollywood.

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Enfin, il s'étend aussi sur Only God Forgives, film de gangsters qui se transforme peu à peu en tragédie grecque. Un nouveau coup de maître.

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Deux ans après Drive, vous êtes excité à l'idée de revenir à Cannes?
Nicolas Winding Refn - Je suis très heureux tout d'abord. Je crois que si j'avais refait le même film que Drive, je serais très nerveux... Mais je sais que ce n'est pas le cas. J'arrive donc très confiant.

Quel a été le point de départ du film?
Le film est né alors que ma femme était enceinte. Ce fut une grossesse compliquée et j'ai imaginé à plusieurs reprises devoir m'en prendre à Dieu. Et donc, est né ce personnage qui cherche une religion en laquelle croire. Et qui va, pour se trouver, décider de combattre Dieu.

Effectivement, Ryan Gosling va partir combattre l'homme qui a assassiné son frère. Dans un déluge de scènes violentes.
C'est le contraste qui m'importe. Comme dans Drive. Le fait de passer de la lenteur à la violence en un clin d'œil. La violence de mes films n'a aucune signification. Je ne l'apprécie pas particulièrement. J'ai une morale très forte en tant qu'homme et en tant que père concernant ce qui doit être montré ou pas. Mais dans mes films, c'est un thème qui revient parce qu'il me fascine.

La presse parle beaucoup de Ryan Gosling. Mais Kristin Scott Thomas est aussi incroyable dans votre film?
Elle était mon seul choix. Il y avait une évidence. Qui aurait pu interpréter cette femme comme elle l'a fait? Personne je crois. Elle n'avait pas de problème à se déguiser en pute et se comporter comme une salope. Elle était même heureuse de cette opportunité.

Qu'est-ce que le succès de Drive a changé dans votre vie?
Drive n'a pas changé ma façon de réaliser des films. Mais bien sûr, c'est devenu le plus grand succès de ma carrière sur un grand marché. C'est donc un film qui m'a ouvert des portes. Ma rencontre avec Ryan Gosling a aussi tout changé. Une rencontre rare. C'est Luke Evans qui devait originalement tenir le rôle principal de Only God Forgives. Mais il s'est désisté. J'ai appelé Ryan pour lui en parler. Et avant que je le lui aie proposé, il m'avait déjà dit oui. C'est certain, notre collaboration n'est pas encore finie...

Quand vous tourniez Drive, avez-vous réalisé que ce film allait faire de Ryan une telle star?
Non, quand je fais un film, je ne pense qu'à sa fabrication. Pas à la manière dont il va être reçu. Après, je suis très heureux de l'accueil que le public a réservé à Drive. Je suis satisfait de la critique, de l'argent que le film a rapporté à mes partenaires, du fait qu'il ait été un tremplin pour Ryan. Mais je suis surtout content aujourd'hui de pouvoir faire les films que je veux. En toute liberté. Vous savez, aux Etats-Unis, ils ont une expression pour dire qu'il ne faut pas être trop gourmand quand le vent tourne bien pour vous. Ils disent: "Il ne faut pas pousser sa chance". Eh bien, j'ai décidé de ne pas pousser ma chance. Le simple fait de pouvoir faire les films que je veux faire me comble.

Parce qu'Hollywood vous a proposé de très gros films et de très gros cachets après Drive?
Oui. Mais je m'en suis tenu à l'écart. A côté du cinéma, je travaille avec des maisons de couture qui me permettent de très bien vivre. Donc je n'ai pas besoin de réaliser un gros film hollywoodien pour gagner de l'argent. Pour l'instant, je suis une armée d'un seul homme. Je suis maître de ma destinée et ça me plaît. Si on te confie la réalisation d'un film qui coûte 200 millions de dollars, tu dois fabriquer un produit rentable et tu deviens un entrepreneur. Ce n'est pas mon métier. Tu ne peux pas picoler sur le plateau, tu ne peux pas t'exploser la gueule, tu ne peux pas être rock'n'roll. Et je n'ai rien d'un patron sérieux. Donc je leur ai à chaque fois dit: non merci.

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