Paul Magnette: "Chamois sans ambages était mon totem, si vous voulez tout savoir…"

Vous l'avez vu partout ces derniers jours, mais vous ne connaissez pas vraiment le nouveau président du PS.

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Ancien boy-scout, amoureux de l'Italie, élève indiscipliné et champion de jogging malgré lui.

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La question paraîtra peut-être idiote, M. Magnette, mais pourquoi êtes-vous socialiste?
Paul Magnette - Je le suis devenu, à peu près vers 20 ans, parce que je me suis rendu compte que j’admirais un parti qui avait les pieds dans la boue et la tête dans les étoiles. C’est-à-dire qui prend ses responsabilités sans perdre un idéal. Parce que les partis qui ont le discours parfait et qui ne prennent jamais leurs responsabilités restent des partis de discours. Et les discours, c’est facile.

On vous voit venir. A vous entendre, vous n’auriez donc pas pu être Ecolo?
Ça aurait pu se faire peut-être… De toute façon, je suis de gauche: s'il y a un intérêt à faire de la politique, c’est bien pour lutter contre les privilèges et les inégalités. Sinon, quel est l’intérêt de faire de la politique si c’est pour protéger des situations acquises… Je ferais autre chose. Pour moi, l’engagement politique, il est de gauche ou il n’est pas.

Pourtant, vous n’avez pas un ancrage familial à gauche…
Je suis issu de la classe moyenne. Mes parents étaient tous les deux de profession libérale: ma mère avocate, mon père médecin. Dit comme ça, ça fait tout de suite classe moyenne supérieure ou grands bourgeois… Mais pour tout comprendre, même si eux étaient déjà issus de la classe bourgeoise, ils étaient clairement inscrits dans la mouvance de Mai 68: ma mère a créé des boutiques de droits dans lesquelles des avocats aidaient gratuitement les gens démunis et mon père était engagé dans le milieu des maisons médicales.

Justement, vous êtes toujours suivi à la maison médicale de Marchienne-au-Pont?
(Rire.)… Oui, à La Glaise. Je suis très attaché au concept de maisons médicales, parce que mon père a participé à leur fondation et parce que je trouve que ce sont des endroits formidables: à la fois la médecine y est gratuite et accessible à tous, mais en plus parce qu’on y pratique une autre conception de la médecine. C’est une médecine préventive qui dit, par exemple, que la chirurgie, c’est un échec. Et c’est une médecine très transversale: mon père était généraliste, il faisait de la prévention contre le tabac, il plaçait des stérilets, il faisait des accouchements, il faisait de l’éducation à la santé avec les familles sur l’alimentation, l’hygiène, etc. C’était une conception de la médecine idéaliste, traditionnelle avant qu’elle ne devienne un commerce. Mon père est mort criblé de dettes…

N’y a-t-il pas une filiation entre l’engagement de votre père et le vôtre?
J’aime beaucoup cette phrase: lorsqu’on a de la chance, lorsqu’on est fort, on est responsable des autres. Je crois que j’ai eu de la chance. J’ai eu de la chance de naître dans une famille qui m’a donné une enfance et une adolescence extrêmement riches en expériences humaines et qui m’a permis de me développer notamment en me donnant un équilibre, une éducation, des valeurs et la possibilité de faire des études. Oui, je trouve normal de faire ce que je peux pour redonner aux autres un peu de cette chance.

Vous faisiez du sport pendant vos études?
Plus par sens du devoir que par conviction… Je ne suis pas un grand sportif. J’étais un peu sportif à l’adolescence parce que comme j’étais un élève indiscipliné, j’étais collé à peu près toutes les semaines, et j’avais un préfet de discipline, M. Lapraille - honneur lui soit rendu -, un ancien marin, avec une tête de capitaine Haddock, qui convertissait toutes les semaines ma retenue en participation au jogging provincial. Donc, je représentais mon école aux quatre coins du Hainaut grâce à ce préfet intelligent…

Vos joggings et vos études vous laissaient du temps pour autre chose?
J’ai été scout puis chef scout: "Chamois sans ambages" était mon totem, si vous voulez tout savoir…

Les chamois, on en trouve beaucoup en Italie, une véritable passion, paraît-il?
C’est vrai, je suis totalement passionné d’Italie. On y allait énormément avec mes parents, c’est, encore, une chose qu’ils m’ont transmise, c’est passé dans les gènes. Pendant des années, on allait aux "festa de l’Unità", ces fêtes que chaque village organise pendant tout l’été, en Emilie-Romagne, en Vénétie, dans le Frioul ou en Ombrie. C’est un pays d’une beauté… Je ne comprendrais pas qu’on ne puisse pas aimer l’Italie: le pays est magnifique, la gastronomie est fabuleuse, la langue est sublime, le design, la mode, les voitures, tout. Et les femmes évidemment. L’Italie a tout pour plaire. Elle n’a qu’un grand défaut: la politique.

Vous parlez italien?
Oui, oui, j’ai appris l’italien.

Vous le parlez avec Elio?
Ça nous arrive. Ça peut être marrant devant des collègues politiques d’échanger des phrases avec un vocabulaire suffisamment compliqué pour être sûrs qu’ils ne comprennent pas… (Rire.)

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A qui allez-vous offrir un bouquet de muguet?
Ah, certainement à quelques militantes qui ont leur carte depuis 60, voire 70 ans et qui viennent, foulard rouge autour du cou, chanter l’Internationale… Cette fidélité dans l’engagement a quelque chose de vraiment touchant.

Pas à votre compagne ou à votre maman?
Le muguet, c’est une fête politique. J’essaie de ne pas mélanger ma vie politique et ma vie privée. Je leur offrirai d’autres fleurs, un autre jour.

Interview complète dans le Moustique du 30 avril.

Le monde à l’envers. Chroniques pour une sortie de crise

Paul Magnette
éditions Luc Pire.

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