Pukkelpop 2014: Le top/flop de la deuxième journée

La classe internationale de Balthazar, la poésie arty punk de Thurston Moore, le cheik de la techno syrienne et une bien décevante Neneh Cherry.

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1) Balthazar

Pour Balthazar, il s'agissait du tout dernier concert concluant deux années d'une tournée aussi intense qu'euphorique. Début septembre, le quintette courtraisien entrera en studio pour enregistrer le successeur de "Rats", dont la sortie est déjà programmée par leur label PiaS pour février 2015. On espérait une prestation en forme d'apothéose mais ce qu'on a vu et entendu a dépassé toutes nos attentes. Servi par un son cinq étoiles et attendu par la toute grosse foule, Balthazar cultive sa différence. Il n'y a pas vraiment de leader dans ce groupe qui évite toutes les comparaisons si ce n'est celle, trop facile, avec DEUS. Devant le nouveau batteur Michiel Balcan, les trois garçons (Maarteen, Jinte, Simon) et la fille (Patricia) jouent de front,  occupent parfaitement la grande scène et se partagent en parfaite osmose tout le boulot. Outre les -désormais- classiques  The Oldest Of Sisters, qui ouvre le concert, The Man Who Owns The Place et Sinking Ship, Balthazar nous offre deux nouvelles chansons: Will MY Lover et l'excellent Nightclubbing. Sur le final, et après un lâcher de gros confettis, le groupe se permet de faire une mini-pause autour de son batteur. Les grands écrans du Pukkelpop fixent alors cinq visages hilares et cinq paires d'yeux  qui brillent de mille petites flammes. Ce vendredi, Balthazar était dans les étoiles. Vivement février 2015.

2) Thurston Moore Group

A cinquante-six ans, Thurston Moore reste toujours punk dans l'âme et conserve une éthique rock qui impose le respect.  Ce vendredi au Pukkelpop, il débarque dans un Club plein comme un œuf avec son nouveau groupe basé à Londres. Moore ne joue pas un seul morceau de Sonic Youth et pas le moindre extrait de son dernier disque solo "Chelsea Light Moving". Il préfère présenter cinq longues places tirées d'un nouvel album, "The Best Day", à paraître en octobre. D'emblée, le décor est planté avec Forevermore, lancinante psalmodie post-rock d'un quart d'heure. Moore doit lire les paroles de la chanson sur un petit pupitre mais les notes de guitares s'enchaînent. Electriques, puissantes, magiques... Plus loin, on plie sous la charge d'un féroce Germs Burns, où le punk primaire croise les fantômes de Neil Young.  Un écran diffuse des images d'archive de l'Expo Universelle d'Osaka en 1970 et c'est sur des images d'ados nippons frissonnant dans un rollercoaster que Moore triture maintenant sa gratte. En fin de set, nouvel éclat avec l'instrumental Grace Lake, dédié au groupe anarchiste Angry Brigade qui a sévit à Londres au début des seventies. Rage, anticonformisme, poésie,  conception arty de la performance live. En cinquante minutes, les spectateurs -les plus âgés- du Pukkelpop ont été confrontés à toutes les obsessions d'un grand monsieur.

3) Omar Souleyman

"Omar, Omar, Omar!" Il ne doit toujours pas en revenir Omar Souleyman de l'accueil que lui a réservé le public -littéralement en transe- des Pukkelpoppers. Originaire du  nord-est de la Syrie, ce petit bonhomme portant élégamment moustache et keffieh né en 1966 a fait toute sa carrière en animant des mariages avant d'être révélé au monde occidental sur la scène de Glastonbury en 2011. Accompagné sur scène de son compositeur et claviériste Rizan Saïd, Omar balance en syrien et en kurde des chansons festives traditionnelles nappées de boucles électro. Les jeunes dansent, ondulent, sautent des pieds et oublient tout (l'Irak, l'Ukraine, la seconde sess') et s'abandonnent sans modération sur cette pop extrême-orientale. Ce vendredi, le Castello a tangué sous les beats hypnotiques et very peaceful du Sheik de le techno syrienne. C'était  beau. C'était  même très beau. On rêve maintenant de la voir avec un vrai groupe de musiciens traditionnels.

4) Nick Waterhouse

Avec son look tiré de la garde-robe de la série Mad Men, l'élégant Nick Waterhouse ne peut cacher son attachement aux sixties. Son mélange de rythm & blues groovy, de rockabilly cuivré et de pop bubble-gum déjà distillé sur deux albums ("Times All Gone" et le petit dernier "Holly") confirme qu'il aurait préféré grandir à l'époque des Remington portatives plutôt que des laptops, mais sa nostalgie du cool ne sonne jamais faux. Songwriter doué et musicien perfectionniste, il enchaîne ses chansons avec un regard impénétrable façon Buddy Holly. On ne sait pas si Nick sourit ou s'il fait la gueule, mais son cocktail vintage nous rend heureux. Ce mec réussit à sonner vieux tout en restant résolument moderne.  Seul bémol:  ce côté trop propre qu'il insuffle à sa prestation.

 

 

Le flop

Neneh Cherry With RockerNumberFive

On aurait aimé dire du bien de la prestation de Neneh Cherry, mais c'est difficile. A cinquante ans, elle reste toujours élégante dans la voix et les pas de danse.  Voilà pour le positif. Mais son cocktail d'électro/trip-hop distillé sur son dernier album -pourtant recommandable- "Blank Project" ne passe pas du tout la rampe sur scène. RocketNumberNine, le duo composé des frangins Ben et Tom Page (batterie et laptop) nous inonde d'une bouillie sonore et ce n'est pas sa version sans âme de Buffalo Stance en fin de set qui sauve cette prestation indigne de son rang. Le pire, c'est qu'elle semblait se rendre compte qu'elle passait complètement à côté de son sujet...

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