
Quand la Belgique se (re)maquille…

Rappelez-vous, c’était il y a juste un an. Le correspondant du journal Libération à Bruxelles mettait le feu aux poudres en faisant paraître Bruxelles, pas belle, un article dans lequel il moquait la saleté, la laideur, les "immeubles affreux" et les "horreurs architecturales" de notre capitale. Rapidement, cet avis, qui n’était pas sans comporter une large part de vérité, déclencha un nombre considérable de réactions. D’experts en tout genre, de journalistes - un quotidien belge tenta même l’exercice périlleux et maladroit de "rendre la pareille" à Paris - et bien sûr de politiques.
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La plupart sur le ton d’un déni plus ou moins outré, d’autres encore sur un mode mollement volontariste. "Oui, mais nous aussi, on la voudrait plus belle et moins sale, notre ville". Comme on les comprend. Il ne faut ni être journaliste, ni politique pour se rendre compte de l’état de nos rues. Et pas qu’à Bruxelles. On a tous déjà vu cela près de chez nous, une façade mal entretenue que "décorent" quelques graffitis. Un immeuble habité ou pas, avec dans la courette les restes d’un vieux vélo, tout rouillé et dépouillé de ses roues. Et aussi ces deux sacs-poubelles qui ne seront jamais ramassés et qui reposent parmi des canettes abandonnées sur des dalles disjointes où quelques mauvaises herbes ont bien poussé.
Qu’on se rassure, ces clichés appartiendront bientôt au passé. De Charleroi à la côte, en passant par Bruxelles (oui oui, là aussi!), on se retrousse les manches et on jure de faire mieux très vite. Après tout, pourquoi "les autres" y arriveraient et pas nous?
Audace et ambition
En Wallonie d’abord. Les députés régionaux ont approuvé récemment un tout nouveau Code du développement territorial. Une réforme qui "ose l’audace et l’ambition", affirment les auteurs du texte. En pratique, ce nouveau code réunit et simplifie l’ensemble des (nombreuses) règles que nous sommes tenus de respecter dans la construction ou l’aménagement de nos habitations. La fin d’une lasagne administrative souvent indigeste que personne ne maîtrisait. "Si vous vous lancez dans la construction d’une maison, vous aurez des délais précis" promet le ministre wallon (Ecolo) Philippe Henry. De quoi aussi encourager les propriétaires à restaurer leurs biens? Sans doute, et aussi une manière de limiter certaines infractions surprenantes. "Les règles d'urbanisme sont fortement simplifiées. On crée de la souplesse pour éviter que chaque propriétaire doive demander des dérogations pour chaque brique ou châssis." Les architectes se frottent les mains et travaillent leur créativité.
Autre nouveauté, qui va sans doute permettre à quelques propriétaires de dormir plus tranquillement: la notion de prescription pour les infractions non fondamentales. Selon les mots du ministre Henry, elle devrait valoir pour celui qui a fait découper une fenêtre un peu grande ou construit son abri de jardin sans demander d’autorisation… Attention, pour les autres il faudra demander un permis et régulariser. Soyons de bon compte, ce texte ne réjouit pas tout le monde. La fédération de la construction a dénoncé le fait que si les autorités ne donnent pas assez vite leur "go" pour des travaux, la réponse est supposée négative. Avertissement logique: lorsque vous déposerez un dossier pour transformer votre maison, ne le laissez pas prendre la poussière au risque de gravement déchanter.
Charleroi et Tournai, les bons élèves
Il n’y a évidemment pas que le Gouvernement wallon qui se hâte. A Charleroi, cela fait longtemps que le bourgmestre Paul Magnette affiche son ras-le-bol des critiques sur l’état de "son" centre-ville. Qualifié de chantier permanent. Ou de Tchernobyl belge.
En novembre dernier, il signait avec le bureau d’architecte du créatif Georgios Maillis un contrat pour embellir la ville. L’architecte carolo promettait, pour 1.300 € (hors TVA!) par jour, de faire travailler trois architectes et deux consultants à temps plein afin de relever le défi. Cinq mois plus tard, l’équipe est au boulot avec - comme promis - des architectes dont un maître de chantier, un urbaniste et un graphiste qui tous ensemble coordonnent l’ensemble des projets Phoenix, quai de Sambre pour rapprocher la ville de l’eau ou de la Tour de police. "Les projets Phoenix seront achevés en 2015 et ensuite on s’attaquera au haut de la ville!", promet avec enthousiasme un membre de l’équipe avant d’ajouter: "Oui, en pratique Charleroi est en train de devenir plus belle".