Rumer: Chansons pour le hamac

Par Luc Lorfèvre Vendredi 19 juin 2015 21:27
Temps de lecture : 2 minutes

Publier une collection de reprises alors qu'on n'a qu'un seul album studio à son actif peut être souvent interprété comme le signe d'une panne d'inspiration, voire une astuce marketing pour ne pas se faire oublier en attendant quelque chose de plus croustillant.

Rien de tout cela avec Rumer. Un an après le succès mondial de "Seasons Of My Soul", Sarah Joyce réussit un magnifique tour de force artistique avec "Boys Don't Cry". Ici, pas de cover de The Cure comme son titre pourrait le laisser supposer et encore moins de relectures de tubes qui ont marqué les esprits.

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La chanteuse d'origine pakistanaise interprète des "chansons oubliées" des années septante qui l'ont marquée personnellement. Toutes sont écrites par des hommes (comme l'avait déjà réalisé Tori Amos en 2001 sur "Strange Little Girls"). Toutes sont empreintes de tristesse et de mélancolie. Et toutes ressuscitent par la grâce émotionnelle de Rumer.

Dès P.F. Sloan, première plage a priori anecdotiquesignée Jimmy L. Webb, Rumer se joue des critiques qui l'attendent au tournant et de la culture du bon goût. "Non, non, non, ne chante pas cette chanson", roucoule-t-elle sur le refrain.

Et c'est bien sûr en désobéissant qu'elle dévoile toute son audace. Estivales dans le ton, middle of the road dans le son et toujours pop dans l'esprit, ses reprises de Richie Havens (It Could Be The First Day),Todd Rundgren (Be Nice To Me), Townes Van Zandt (Flyin' Shoes), Gilbert O'Sullivan (We Will)ou de Hall @ Oates (Sara Smile)réhabilitent à la fois leurs auteurs tout en élevant son interprète.

Et même si c'est plus risqué de s'attaquer à cette muzak des seventies que de massacrer pour la énième fois le répertoire de Bob Marley (on ne vise personne, Yannick), ce n'est pas pour cette raison que nous aimons "Boys Don't Cry". C'est pour son confort d'écoute et son absence de calcul. Elle court et elle court bien la Rumer.

Le 7/7 au Rivierenhof (Anvers).