
On s'est trompé sur Benteke

Dix-sept minutes. C'est le temps qu'il a fallu à Christian Benteke pour éclipser Eden Hazard, Vincent Kompany et autre Marouane Fellaini, nos plus fameux représentants dans le championnat de foot anglais. Un gros quart d'heure, pas plus, pour que l'attaquant phare d'Aston Villa plante trois buts contre Sunderland, le 29 avril dernier, dans un match importantissime pour le maintien en Premier League. Son coéquipier Fabian Delph n'en revient pas encore: "Sur le deuxième, je crois qu'il a sauté plus haut que la barre transversale!" Son entraîneur, Paul Lambert:"Ce gars, c'est vraiment la classe mondiale..."
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Déjà décisif avec les Diables rouges, quatrième au classement des buteurs de Premier League avec dix-huit buts, Christian Benteke est désormais le buteur le plus prolifique en Europe en 2013 après les intouchables Messi et Ronaldo: treize buts marqués en quinze rencontres depuis janvier. Mieux, c'est le premier Belge à signer un hat-trick (trois buts en un match) en Angleterre. Beaucoup mieux, à 22 ans, il est désormais le recordman de buts marqués lors d'une première saison en Angleterre. Juste devant un certain Thierry Henry, son idole depuis qu'il est gamin. Désormais, trois quarts des maillots achetés par les fans d'Aston Villa, parmi lesquels on compte du beau linge comme le prince William ou le Premier ministre David Cameron, sont floqués au nom de Benteke. Pourtant, en Belgique, le Liégeois suscitait il y a moins de deux ans encore plus de sifflets que d'admiration. Le gars était doué, mais faisait plus souvent parler de lui pour sa propension à rater l'immanquable. Un "bouffeur de feuille", comme on dit... Retour sur une histoire qui, sans doute, ne fait que débuter.
Epaule contre épaule
En 2012, en seconde partie de saison, avec Genk, Christian Benteke se montre enfin efficace. A défaut d'être totalement convaincant. C'est qu'à l'époque de son transfert en Angleterre, il passe encore pour un gentil. Et peu l'imaginent bousculer ces défenses anglaises où la poésie a rarement cours. En quelques semaines, Christian Benteke met pourtant tout le monde d'accord. En septembre, avec Villa, il plante sa première rose quelques minutes après sa première montée au jeu. Le mois suivant, avec l'équipe nationale, il score contre la Serbie et l'Ecosse. L'origine de la métamorphose? La confiance témoignée par l'entraîneur des Diables rouges Marc Wilmots n'y serait pas étrangère. Ou alors s'est-il rappelé l'époque "foot de rue" où, gamin, à Liège, il se tirait la bourre avec Axel Witsel. On peut aussi tenter l'approche psy. "Mon père est un homme très dur, quand je joue un match de merde, il n'hésite jamais à me le faire savoir...", révélait récemment Benteke dans la presse anglaise. A moins qu'il n'ait tout simplement trouvé un défi enfin à sa taille. Comme il l'a expliqué lui-même à La Dernière Heure: "En Angleterre, je suis tombé face à des défenseurs agressifs. Je me suis dit "maintenant, c'est toi ou lui"..."
Top mec
C'est l'une des qualités les moins commentées de notre génération dorée... En France, on peine à contenir les sales gosses qui composent la terrible "génération 87" (Samir Nasri, Jérémy Menez, Karim Benzema...). Chez nous, plusieurs Diables rouges, et pas des moindres, se signalent par leur parfaite éducation. Vincent Kompany est un capitaine modèle désormais engagé socialement dans un club des quartiers défavorisés de Bruxelles. Avant même son arrivée en Angleterre, Romelu Lukaku maîtrisait l'anglais. Plutôt casanier, Eden Hazard a fini par décourager les paparazzi de la presse tabloïd. Pas un scoop, pas un écart, pas un dérapage... Christian Benteke est de ceux-là. Christine Schréder, la journaliste de BeTV, a signé un reportage sur lui en février dernier: "C'est un grand timide, charmant et vraiment disponible." Au sein de la ligne d'attaque de Villa, ses coéquipiers renchérissent. Andreas Weimann: "Il est très poli. C’est un chouette gars, toujours souriant. On ne peut pas s’empêcher de sourire à son tour quand on le croise." Gabriel Agbonlahor: "Hors du terrain, c'est aussi un mec au top."
Le cœur à Londres... ou pas loin
En novembre dernier, Christian Benteke avouait qu'en signant à Aston Villa, équipe basée à Birmingham, il croyait rejoindre un club... londonien. Raté. Aujourd'hui, on le dit beaucoup plus proche de Londres. A Arsenal, le club dont il rêvait gamin? Chelsea? Tottenham? Pas sûr. Il y a un an, Villa a été le seul à prendre le risque de miser sur lui. Jamais Paul Lambert, son coach actuel, n'avait dépensé autant pour un joueur. Et les fans de Villa l'adorent. Selon son agent, Christian Benteke n'envisagerait même pas un départ l'année prochaine. Naïveté? Pas nécessairement. "Il a porté son choix sur Villa en connaissance de cause, précise Christine Schréder. Pour un garçon qui a passé la première partie de sa carrière en Belgique ballotté entre des clubs qui ne croyaient pas en lui (le Standard, Genk, Courtrai et Malines - NDLR), la confiance qu'on lui a témoignée là-bas prend toute son importance."
Gentleman
Au fil du temps, la colonie de Diables évoluant en Angleterre a tissé des liens d'amitié. "Benteke est très pote avec Eden Hazard. Il s'entend bien avec Marouane Fellaini ou Romelu Lukaku, malgré qu'ils soient concurrents en équipe nationale, confie Christine Schréder. Mais depuis que Lukaku a une nouvelle copine, il m'a dit qu'il préférait le laisser tranquille!" Et gentleman, en plus.