
Simon Baker: Mentaliste et gentleman

Devinette? Quel est le point commun entre Johnny Depp, Jean Dujardin, George Clooney, Will Smith, Bruce Willis, Jennifer Aniston et Katie Holmes? Eh bien, ils se sont tous fait connaître à la télévision avant de s'imposer au cinéma. Un pari loin d'être gagné puisque le grand écran a, depuis toujours, eu tendance à toiser le petit.
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Quid en effet des carrières au cinéma des filles de Desperate Housewives (excepté peut-être Felicity Huffman), de Matthew Fox de Lost, des héros de Friends, d'Ally McBeal ou de Beverly Hills 90210? Hollywood, ton univers impitoyable...
Si les séries télé ont aujourd'hui gagné leurs lettres de noblesse, surpassant très souvent en qualité le cinéma américain (de nombreuses stars hollywoodiennes s'engagent désormais auprès des grands networks comme Kevin Spacey dans House Of Cards ou Steve Buscemi dans Boardwalk Empire), la plupart des acteurs restent pourtant tentés par l'aventure sur grand écran. C'est le cas de Simon Baker, inconnu passé superstar en quelques mois pour son interprétation de Patrick Jane, le mentaliste qui affole les audiences télé aux quatre coins du monde. Il est cette semaine à l'affiche d'une comédie romantique intitulée I Give It A Year.
Né le 30 juillet 1969 en Australie d'un père mécanicien et d'une mère professeur d'anglais, Simon Baker commence comme tous les acteurs australiens dans des séries télé locales (notamment E Street ou Hartley, cœurs à vif). Reconnu pour son travail mais peu comblé par les rôles offerts, il suit alors les conseils de son amie Nicole Kidman (qui est par ailleurs la marraine d'une de ses filles) de venir s'installer aux Etats-Unis. Un choix payant puisque dès son arrivée à Hollywood en 1997, il décroche un rôle dans l'excellente adaptation du roman de James Ellroy L.A. Confidential. Mais sa prestation passe inaperçue. C'est trois ans plus tard, en 2000, que la télévision va lui proposer son premier rôle de poids: celui de Nick Fallin dans la série The Guardian/Le protecteur. Mais l'aventure s'arrête après trois saisons. C'est alors qu'il décroche un second rôle qui changera le cours de sa carrière dans Le diable s'habille en Prada aux côtés de Meryl Streep et Anne Hathaway. "Il faut constamment se battre, confiait-il à l'époque. Parce qu'il faut aimer ce que l'on fait. Si tu n'aimes pas ce que tu fais, va vendre des chaussures, fais autre chose..."
Le Mentalist
A l'époque, Bruno Heller, créateur de la série Rome, est en plein casting pour une nouvelle série qu'il monte à Hollywood. "Il a vu le film et m'a appelé dans la foulée, confie Baker. J'avais fait Le protecteur qui avait été un succès mitigé. Et je m'étais promis de ne plus jamais m'engager à long terme dans une série télévisée. Parce que c'est totalement exténuant et que les plannings nous bloquent en tant qu'acteurs pour nous engager dans d'autres projets. Et puis, est arrivé le projet du Mentalist. Bruno Heller était anglais. Il venait juste d'obtenir un gros succès avec Rome et il avait envie d'injecter dans les séries US un humour et une énergie différents. Je me suis donc dit qu'il fallait foncer. Ce que j'ai fait. Et me voilà aujourd'hui..."
Le succès est aussi immense qu'immédiat. Patrick Jane, consultant au CBI et savant mélange entre Sherlock Holmes et Columbo, devient l'un des personnages les plus aimés de la télévision américaine. "Jane est un héros. Mais ce n'est pas un dur. Il est mystérieux, différent, vaillant sans être vraiment courageux. C'est un personnage tout à fait unique dans le paysage des séries américaines", enchaîne Baker.
Effectivement, si le personnage et l'humour font mouche, c'est pourtant au charme de l'acteur que la série doit probablement son immense succès. La preuve en est, "très vite, je me suis retrouvé dans la liste des hommes les plus sexy de la planète. Je peux vous dire que pour un acteur qui a galéré pendant des années, ça fait plutôt bizarre. Pour blaguer avec ça, ma femme me dit souvent qu'il ne faut pas que je me prenne la tête parce que je ne suis que numéro trois sur la liste. Et que je pourrai me vanter quand je serai numéro un. Plus sérieusement, je n'attache aucune importance à cela. J'ai plus de quarante ans, j'ai trois enfants et une femme. Je ne suis donc pas sur le marché". De marché, il en est pourtant question puisque après Brad Pitt pour Chanel, Simon Baker vient de signer un contrat avec Givenchy pour être le visage de son nouveau parfum Gentlemen Only.
Alors que la saison 5 du Mentalist sera diffusée chez nous sur la RTBF à partir de septembre, Baker vient de signer pour une septième saison. Un deal juteux de trente millions de dollars qui lui assure également des crédits en tant que coproducteur de la série et des recettes sur les futures ventes de DVD. Patrick Jane a donc fait de Simon Baker un homme riche et célèbre. Ce qui ne l'empêche pas de garder à l'œil son avenir au cinéma.
Depuis le début du Mentalist en 2008, on l'a en effet vu dans quelques films: Not Forgotten, Women In Trouble, le très noir The Killer Inside Me de Michael Winterbottom ou le récent Margin Call aux côtés de Kevin Spacey.
Et si aucun de ces films n'a encore imposé Baker en acteur de cinéma bancable, on ne peut encore parier sur rien. Non seulement il a déjà annoncé son envie de passer à la réalisation (immense fan de Jean-Paul Belmondo, il rêve de réaliser un remake de L'héritier de Philippe Labro). Mais en plus, il doit se rappeler, quelque part, que Clint Eastwood et Steve McQueen, eux aussi, avaient commencé à la télévision...