
Talisco - Run

Nouveau cow-boy frenchy, Jérôme Amandi cavale entre pop élégante et folk fringante. Joli.
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Barbe de trois jours, chevelure éparpillée, regard ténébreux mais fou rire qui s'enclenche au quart de tour lorsqu'on l'interroge, Jérôme Amandi, alias Talisco, est le phénomène français du moment. Après son single Wish dont le refrain pop s'incruste de manière insidieuse dans les oreilles et une double prestation qui a marqué les esprits à l'Eurosonic, ce Bordelais d'origine espagnole déboule au galop avec "Run", premier album enregistré dans l'urgence mais doté d'une finesse bluffante dans ses mélodies.
"Il m'arrive un truc de dingue depuis quelques mois , constate-t-il, très lucide. J'ai su dès l'âge de onze ans que je voulais faire de la musique, mais après avoir terminé mes études, j'ai mis mes rêves de côté et j'ai travaillé dans une boîte de communication pendant dix ans. Je bricolais toujours un peu sur ma guitare et mes machines, mais rien ne sortait de chez moi jusqu'au jour où je me suis décidé à envoyer quelques morceaux à gauche et à droite. Et tout s'est emballé. Un responsable du label indépendant Roy Music m'a repéré, a organisé à la hâte un concert et m'a fait signer un contrat. Je n'avais même pas de nom d'artiste."
Sur le nom Talisco, Jérôme ne dira - presque - rien, sauf qu'il s'agit d'"un hommage à quelqu'un de très proche". Dans son premier EP "My Home" paru en 2014, Talisco se dévoilait par contre un peu plus. "Pour présenter ma musique, j'ai choisi de rassembler trois chansons dans un court métrage qui tenait autant de la carte visite que du road trip. J'y exprimais toutes les facettes de mon univers." "Run" est la suite logique de "My Home", soit une sorte de western des temps modernes. Talisco chante en anglais, se montre aussi pragmatique dans le titre de ses chansons (Sorrow,Follow Me,Everyone) qu'il est concis dans leur fabrication. Chez lui, l'americana de Calexico (Lovely) flirte avec l'électro/pop de Phoenix (Your Wish,In Love) et les ambiances cinématographiques (Sorrow qui pourrait figurer en générique de fin chez Tim Burton). A l'heure où la musique est de plus en plus pensée comme un concept marketing, la simplicité de "Run" et de son créateur fait du bien. "Des artistes comme Beck ou les Beastie Boys m'ont beaucoup inspiré. Comme eux, je pratique de l'art spontané et je n'aime pas conceptualiser. J'avance sans me poser des questions."