Téléréalité: Comment se déroule un casting?

Secret Story 7 démarre le vendredi 7. Et avec lui, une vingtaine de bimbos et machos décervelés vont envahir nos télés. Mais où va-t-on chercher ces spécimens? La parole aux casteurs.

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Au total, une quinzaine de clichés sur pattes savamment choisis parmi 25.000 (!) candidatures vont se disputer, s'arracher les extensions, s'amouracher sous l'œil indiscret des caméras, se goinfrer de crêpes au Nutella, faire subir les derniers outrages à la langue française, et comploter, enfermés pendant des mois dans l'enceinte de la "Maison des Secrets" pour le plus grand plaisir des téléspectateurs. A se demander d'où viennent ces postados en pleine rébellion? D'où sortent ces poupées refaites, ces bellâtres 100 % pur bœuf et ces bimbos ultra-caliente qui ont envahi nos télés depuis 2001 avec la première édition du Loft? Voici le b.a.-ba de cette pêche aux cons.

1. Jeter ses filets

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Louise faisait partie de ces chasseurs de cagoles et kékés pour L'île de la tentation, entre autres: "Le profil du candidat de téléréalité est toujours le même. Les productions veulent des personnes atypiques. Ils doivent être assez flexibles, super-influençables, émotionnellement fragiles. Et qu'ils soient physiquement agréables, beaux dans le sens du stéréotype de la télé, too much, "trop blondes" ou "trop musclés"."

Et il n'y a rien de tel que le terrain pour débusquer ces plastiques gonflées. Car s'ils postent des petites annonces, les casteurs donnent de leur personne et ne comptent pas les heures. Ils arpentent les clubs de seconde zone à la recherche d'un trop-plein de gel, d'un surplus d'ego à la Mickaël Vendetta et d'un décolleté outrageant. "Il y a très peu de refus en casting sauvage. Nous déboutons bien plus de monde. Ceux qui ne veulent pas participer ont trop de recul sur l'émission ou sur eux-mêmes, ce sont des gens trop "normaux"", explique Sandra, tout droit débarquée d'une société de production audiovisuelle attachée à TF1.

"Les postulants veulent devenir célèbres, avoir de la notoriété facile. Certains disent qu'ils vont faire des choses sérieuses ou devenir comédiens et sont persuadés qu'il faut passer par la case Secret Story pour que les portes s'ouvrent, parce qu'ils savent très bien qu'ils n'ont aucun talent et ne réussiraient pas à percer en suivant la voie normale."

2. Définir les zones de pêche

Certaines destinations sont privilégiées pour dénicher greluches et action men, comme le sud de la France. "On sait qu'on va y trouver des filles hyper-bronzées, botoxées, avec les seins refaits. Des clones de Nabilla, 'y a pas de secret." Mais depuis quatre-cinq ans, le terrain de chasse de ces recruteurs un peu spéciaux s'est élargi. Sandra s'explique: "On finissait toujours pas voir les mêmes têtes, et c'est normal avec le nombre d'émissions qu'il y a, la source commence à se tarir. Il a fallu aller pêcher ailleurs... Et la Belgique a bien mordu à l'hameçon".

Amélie, Aurélie, Geof ou Emilie, des participants bien de chez nous à l'accent caricatural qui fleure bon "la frite, une fois" ont ainsi rejoint les castings de ces programmes. "Ils ont encore ce côté innocent que les Français ont perdu. En France, même les provinciaux savent qu'ils peuvent se faire pas mal d'argent avec les procès des magazines people, ils calculent tout à mort. On trouve toujours de bons spécimens chez vous, mais ça tourne très vite en rond parce qu'il faut savoir que le Belge ne sait pas draguer comme un Français", assène la journaliste reconvertie. Ce qui complique fortement la tâche des dénicheuses de bogosses.

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3. Ferrer des Belges et des "cas"

Les productions ont tout intérêt à sélectionner des candidats noir-jaune-rouge. "Déjà parce qu'ils coûtent moins cher. Quand on parle de Paris à un Wallon, il a l'impression qu'il a réussi sa carrière. Il accepte d'être payé 8.000 euros pour une saison là où un Français en demandera 15.000. Mais aussi parce qu'ils permettent de ramener de l'audimat de l'autre côté de la frontière."

Le dosage des castings des émissions de téléréalité est ultra-précis. Une science exacte selon Louise qui gérait les visages de L'île de la tentation. "On sait tout de suite quand le programme va se planter, quand le mélange est trop homogène. C'était le cas sur la troisième saison de Popstars ou sur la dernière édition de Secret Story." L'œil aguerri de ces chasseurs de têtes repère le bon client au premier regard. "Je me souviens très bien de Matt Pokora dans Popstars, il était parmi 3.000 candidats à Strasbourg et quand on l'a rencontré, on a tout de suite su qu'il allait gagner le programme." Nabilla aussi a convaincu directement les producteurs. "Parce qu'elle est super-bête. C'est comme dans la vraie vie en fait, ça détend le spectateur de regarder des gens cons, il se sent plus intelligent, au-dessus de tout ça." A quelques erreurs près. "Nous n'aurions pas misé un centime sur Chimène Badi. Elle était ronde et boutonneuse. Quand on la voyait répéter ses chorés, c'était la cata, elle ne savait pas danser. Mais Valéry Zeitoun a su voir son potentiel, il l'a métamorphosée et très bien formatée pour qu'elle rentre dans le moule."

4. Mettre tout le monde dans l'aquarium

Ce "moule" est relativement extensible, il comprend toujours quelques blondes vulgaires, des machos décérébrés, un black ou une métisse, des pseudo-intellos, un gay et un petit gros sympa pour que la plus grande majorité de gens puissent s'identifier. "C'est typique." Mais d'après Louise et ses dix ans de métier, tous ces candidats ont un point commun non négligeable. "Ils doivent avoir un passif hyper-lourd. Sans ça, c'est basta. Pour découvrir les trésors cachés des précastés, on utilise toujours la même technique. Nous avons une liste de questions-clés. Le résultat est instantané. Ils ont tellement envie de passer à la télé qu'ils sont prêts à tout. Ils sont à la fois voyeuristes et super-contents de raconter que leur chez-eux, c'est du Zola." Et si les recruteurs déterrent les pires horreurs chez leurs aspirants stars, c'est tout bénef. Les casteurs l'avouent eux-mêmes, ils sont sans scrupule. "Dire le contraire serait mentir, c'est un jeu très vicieux."

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5. Exciter les bestioles

Mais pour que la sauce prenne et qu'il y ait du croustillant à servir à l'écran, la production ne se contente pas de laisser vivre ses éléments. Il faut les provoquer. Louise enfonce le clou. "J'admire ces candidats, je ne pourrais jamais participer à ces émissions. Il faut pouvoir tenir le coup et c'est loin d'être évident. On les met sous une pression de dingue, on les fatigue, on les noie dans l'alcool... Il n'y a que des verres opaques parce qu'on les saoule dès huit heures du matin."

Sur ces tournages, les manipulations sont légion. "Sur L'île de la tentation, par exemple, on faisait en sorte que le conjoint pense que son ou sa compagne l'avait déjà trompé, même s'il n'avait fait que toucher le bras de quelqu'un d'autre. Sans ça, c'est les bidochons à la plage."

Les techniques ne sont pas plus roses du côté de Secret Story. "La prod fait croire aux éléments faibles qu'ils les soutiennent à fond pour qu'ils se sentent en confiance et provoquent les grandes gueules. Comme Marie dans la cinquième édition. Ensuite, en salle de montage, on ne retient que les moments où ils craquent, pleurent, s'énervent. Même si ce n'était qu'une minute sur la journée", termine Louise.

Une candidate de ce programme a ainsi été raillée par tout son voisinage à sa sortie de la Maison des Secrets en raison de l'image détestable et pathétique qu'on lui avait créée. Voilà qui promet encore de beaux moments de télévision, comme aime à le dire Benjamin Castaldi.

Article complet dans le Moustique du 5 juin.

Secret Story 7: Vendredi 7 TF1 20H50
Les anges de la téléréalité: Samedi 1ER PLUG RTL 13H15 et du lundi au vendredi à 19H30

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