
Testé pour vous: Comment passer son permis moto?

"Tu intellectualises trop!, martèle Franco, mon instructeur. Laisse-toi guider, sens le truc et arrête de penser..." Sans blague. Moi qui n'ai jamais passé le moindre permis de conduire, ma seule expérience du deux-roues se limite aux vélos de mon enfance et à quelques mois de mobylette sur les routes de campagne de mon adolescence. Et me voilà avec un monstre de 200 kg et de 650 cm3 entre les genoux, suant des litres. Et pas seulement parce qu'il fait chaud. Forcément, je gamberge… Qu'est-ce que je fais là? La FEBIAC, Fédération belge de l'automobile et du cycle, désireuse d’encourager l’usage des deux-roues motorisés, a proposé qu'un journaliste du Moustique tente de passer son permis moto. J'ai levé le doigt. Au fond, il serait peut-être plus intéressant de raconter l'expérience du point de vue de quelqu'un venant vraiment de nulle part…
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Première étape: le théorique
Ceux qui sont aujourd'hui dans la quarantaine et qui ont passé le permis théorique voiture il y a une vingtaine d'années s'en souviennent sans doute comme d'une formalité. Un après-midi devant son guide Feu vert et le tour était joué. Méfiez-vous, la matière de l'examen s'est considérablement étoffée: données techniques, aspects environnementaux et signalisations nouvelles vous demanderont sans doute un ou deux week-ends complets avant d'être assimilés. Surtout qu'il vous faudra aussi étudier les aspects spécifiques aux deux-roues. Un bon plan: le site www.permisdeconduire-online.be, gratuit, qui propose 700 exercices corrigés. Potassez-le soigneusement et vous devriez récolter sans trop de problème les 41 points sur 50 nécessaires à l'obtention du permis théorique.
Deuxième étape: sur la bête
Pour un complet novice comme moi, le premier contact avec l'engin se fait moteur éteint. Et même comme ça, c'est déjà impressionnant. Franco me demande de faire le tour de la moto, béquille relevée, sans la quitter des mains pour la maintenir en équilibre. Et m'annonce en passant qu'elle dépasse les 200 kg. Encore quelques autres exercices à vide puis vient enfin l'autorisation d'allumer le moteur et de rouler. Au pas. Durant plus de la moitié de ma formation, je ne dépasserai pas les 10 km/h et n'enclencherai même pas la deuxième vitesse. C'est largement suffisant pour observer un principe fondamental: piloter une moto, c'est aussi accepter de se laisser manœuvrer par elle.
"Conduis avec le regard, pas les bras." Mon instructeur me fait tourner autour de lui, dans des virages toujours plus courts, tout en le fixant. Dès que je le quitte des yeux pour regarder la roue ou le sol, dès que je doute de son équilibre, l'engin fait mine de verser sur le côté, m'entraînant avec son poids. Quand je lui laisse sa part du travail, la moto se fait par contre étonnamment légère. Quand, comme moi, on n'est pas spécialement instinctif, cette relation de confiance obligée avec une machine est déstabilisante. Le lendemain de cette première série d'exercices, d'ailleurs, une légère angoisse m'étreint. Je suis manifestement en territoire inconnu. Pourtant, dès les jours suivants, c'est surtout la curiosité, l'attente de la prochaine session et l'envie de remonter en selle qui prennent le dessus. Et si j'étais déjà mordu?
Troisième étape: le permis provisoire
Il me faudra en tout une douzaine d'heures avant de maîtriser le b.a.-ba et les commandes principales de la machine. Mon permis de conduire provisoire me permettra de rouler un an avant de passer le permis pratique. Pour autant, en admettant que je fasse l'acquisition de ma propre bécane, je ne me vois pas quitter l'aire d'exercice et attaquer la route de sitôt. Plusieurs des instructeurs que j'ai rencontrés estiment d'ailleurs que le système actuel est une aberration. Alors qu'on impose 20 heures de conduite aux candidats au permis auto avant qu'ils ne roulent seuls, on délivre un permis moto provisoire après 6 heures de pratique seulement. De même, on laisse jusqu'à présent des automobilistes piloter des motos jusqu'à 125 cm3 sans aucune formation initiale. Derrière Franco, qui file à 120 km/h sur l'autoroute pour nous reconduire au siège de la moto-école, leurs interrogations me paraissent des plus fondées, même harnachés comme on l'est, avec casque intégral, pantalon et veste renforcés, gants épais, etc. S'il a bien les mêmes droits que l'automobiliste, le motard aura toujours tort en cas de chute. Mais c'est plutôt mes prochains trajets en voiture que j'appréhende. Je crois qu'ils me sembleront bien ennuyeux.
A gagner: 5 formations moto (d'une valeur de 620 euros max).
D'Ieteren Sport a gracieusement fourni l'équipement (pantalon, veste, gants et bottines). www.moto-accessoires.be
La formation pratique a été dispensée par Franco Sciacchitano, de l'auto-école Boël. www.boel.be
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