Thomas Dutronc: "Je ne suis pas un feu de paille"

Il signe un des come-back les plus attendus de l'année. Plus espiègle que jamais, il a rangé sa guitare manouche pour du bon son pop-rock.

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Thomas Dutronc est en visite promotionnelle éclair à Bruxelles, entre une répétition pour sa nouvelle tournée et une jam amicale donnée à l'occasion des concerts d'adieu d'Eddy Mitchell. "Lorsque tu connais, comme lui, le menu de tous les restos ouverts après minuit, il est temps de s’arrêter. Et puis, de manière moins anecdotique, quelle classe de prendre une telle décision quand on est encore au sommet. Sur ses derniers albums, Eddy ne se répétait pas et partait encore dans d'autres directions."

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Un exemple pour Thomas Dutronc qui revient avec "Silence on tourne, on tourne en rond", un nouvel album orienté pop/rock. "Il y a une réelle évolution. J'espère que le public va suivre", lance-t-il sur un ton qui cache mal le stress. "Certaines personnes qui ont apprécié mon premier disque "Comme un manouche sans guitare" auraient peut-être préféré que je reste dans ce style manouche, mais j'ai préféré avancer à l'instinct. Je reste un artisan et je dois bien avouer que le business de la musique et ses règles parfois stupides en matière de marketing m'effraie toujours."

Votre disque se termine par Relançons la consommation, chanson potache anticonsumériste. Vous êtes devenu un auteur engagé?
Thomas Dutronc - J’ai commencé à écrire ce morceau voilà plus de dix ans, et je l’ai terminé en quelques minutes au moment de boucler l’album. Sur un petit accès de colère face aux pubs télé. On veut nous vendre n’importe quoi avec comme seul argument une fille nue sur la plage. C’est nul! En fait, je ne critique pas le fait d’acheter, mais plutôt le fait de tout "marketer". En fait, on dépense plus d’énergie pour vendre une table que pour la construire.

Le constat est-il le même pour le disque?
À la grande époque de MTV et des clips qui coûtaient des millions, c’était clairement le cas. Maintenant, crise du disque aidant, si l’on peut dire, on a appris à faire mieux avec moins de dépenses pour le marketing et la promotion. Et ce n’est pas plus mal car les choses se recentrent sur l’aspect artistique. On peut à nouveau bricoler.

Dans Oiseau fâché, vous dévoilez votre esprit bidouilleur. Une vraie passion?
Exactement. C’est du pur bidouillé maison, avec ma voix et des bruitages de jeux vidéo dont je suis fan. Oiseau fâché est un clin d'œil au jeu Angry Birds! Les gens qui ne sont pas familiers de cet univers virtuel vont croire que j'ai fumé avant d'écrire ce morceau. J'y évoque le plombier Super Mario qui se bat contre un gorille ainsi que des Lapins Crétins… C'est très drôle.

Vous sentez-vous proche de l'univers de Katerine et de celui de votre père quand il chantait Crac Boum Hue?
Le point commun avec mon père, c'est peut-être cet esprit d'indépendance artistique de surgir là où on ne m'attend pas. Mais j'ai aussi hérité du perfectionnisme de ma mère. Et le mélange des deux donne quelque chose de pas trop calibré, mais de pas trop bordélique non plus. Une sorte d’équilibre sur la longueur du disque. Musicalement, je me situe quelque part entre les excentricités de Katerine, la guitare de Django Reinhardt, le rock de M et la chanson française traditionnelle façon Brassens.

Jouez-vous encore beaucoup de guitare manouche?
Oui, pour le plaisir, même si je pense y revenir un jour dans un vrai projet artistique. Un disque manouche et plus instrumental, enregistré avec un groupe de musiciens, constituera aussi l’occasion de mettre en valeur les gens qui m’ont porté jusqu’au succès. Musicalement, ils m’ont tout appris. Mais cette fois, je voulais du simple pop-rock au service d’un disque facile d’accès. Il ne faut pas oublier non plus que j’ai aussi souvent flirté avec la chanson plus "traditionnelle", notamment aux côtés de mon père sur son album "Brèves rencontres", ou avec Jacno.

Ecoutez-vous encore les conseils de vos parents?
Bien sûr! Ils m’ont appris à gérer cet équilibre forcément instable, mais indispensable, entre le succès et la simplicité. Et tout ça en évitant l’hypocrisie. Dans la famille, nous avons tous conscience de bénéficier d’une vie exceptionnelle et d’évoluer dans un milieu atypique. Mais nous savons aussi qu’il ne faut jamais se laisser bouffer par l’aspect compétition du métier. Mes parents restent des créateurs avant tout, humains et chaleureux.

Avec ce deuxième disque, pensez-vous définitivement faire taire les sceptiques?
Le succès d'"Un manouche sans guitare" m’a aidé à créer une relation avec le public, qui a compris de quoi j’étais capable. J’espère bien que ce nouvel album le convaincra encore plus. Les gens ont saisi que j'assumais parfaitement mon nom mais que je ne m'en servais pas non plus. Sans prétention aucune, c'est la musique de mon premier album qui m'a permis de remplir des salles durant deux ans et demi. Quand on la chance de faire une tournée si longue, c'est qu'on dépasse le phénomène de curiosité. Je ne suis pas un feu de paille.

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Le 1/2/2012 à la Maison de la Culture de Tournai.

Thomas Dutronc
"Silence on tourne, on tourne en rond"
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