
Un Kanye West peu généreux à Forest National

Loin du soldout de juin dernier au Sportpaleis pour sa tournée Watch The Throne avec Jay-Z (et des prix plus démocratiques), le rappeur/mégalo/provocateur n'a malheureusement pas réussi à écouler les 8.400 places de la salle Bruxelloise. Loin de là. Pourtant, son dernier passage solo chez nous remonte à 2008.
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A 19h50, soit dix minutes avant le début officiel des hostilités, la fosse peine encore à remplir sa première moitié, les gradins affichent des dizaines de sièges libres et les balcons s'étaient parés de rideaux rouges pour cacher leur vide béant.
L'avantage? Pas besoin de donner des coudes pour se placer en première ligne. La foule est fluide et peu mouvante. Catastrophés, les revendeurs à la sauvette qui pensaient détenir le Saint Graal vers l'oseille facile parlent d'apocalypse. Nous serions tentés d'utiliser le même terme après plus d'une heure quart d'attente avant de voir, enfin, les lumières s'éteindre et le show commencer.
Tout vêtu de blanc, engoncé dans une pseudo camisole de force, le messie déposé en voiture dans les coulisses fait son entrée sur fond de glaciers diffusés sur quatre écrans géants, au son du classique monstrueux Cold As Ice de M.O.P. Difficile de faire plus grandiose.
De part et d'autres s'affairent musiciens et ingés sons en sahariennes immaculées. Devenu fan de l'épure, l'ex king du bling-bling (qui voue toujours un culte aux diamants et chaînes en or, on se rassure) propose une mise en scène sobre à l'imagerie splendide. D'autres diront simpliste.
Les paysages défilent au fil des morceaux. Bienvenue au coeur d'un clip live hanté par un sombre Kanye West: austère, esthétique, mais tellement enivrant.
Pas chaleureux pour un sou, notre mégalo préféré tire la gueule tout du long, sans doute à cause du peu de monde massé devant lui. Pourtant, sous la fausse neige balancée par dizaines de milliers de flocons avec les morceaux tirés du génial "808's Heartbreak", on aperçoit tout de même un sourire sur son visage blasé quand la foule reprend en choeur le refrain de Heartless. Touché.
Un moment de grâce de courte durée, tant le son détestable de Forest National vient brouiller les mélodies et gâcher le plaisir. Le reste n'est qu'enchaînement de tubes pendant pratiquement une heure et demie.
On s'y émerveille de deux masques, l'un de plumes, l'autre signé de la Maison Martin Margiela incrusté de diamants véritables. On s'y ennuie quand soudainement le rappeur se rêve d'être Stevie Wonder et fait durer les vocalises sur Runaway en se déchaînant sur sa Talkbox, puis sur Lost in the World.
Un show en demi-teinte, finalement très linéaire malgré les éclatants All of the Lights, Jesus Walk ou The Good Life. La foule est morne, le grand Kanye peu généreux. Il remplit son contrat, chante Touch the Sky en rappel. Communique à peine avec son public, sauf en toute fin de show "C'est grâce à vous que tout ceci est possible". Peut-être, mais la prochaine fois, vends tes tickets moins chers, Kanye West, ou choisi une plus petite salle.L'ambiance pourra peut-être décoller.